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23 - 08 - 2018

« 1918, armistice(s) », épisode 8

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À gauche, « Des soldats du Conseil des travailleurs et des soldats parcourent les rues de Berlin ». À droite « Un ouvrier annonce la mise en place d’une voiture sanitaire pour le peuple peu de temps après la déclaration de la République le 9 novembre 1918 ». Le même jour, alors que les autorités politiques et militaires craignent que l’Allemagne ne bascule dans une révolution bolchévique, comme en Russie un an avant, un appel à la grève générale est lancé. De nombreux ouvriers et soldats se dirigent vers le centre de Berlin. Ils occupent les usines et les bâtiments officiels. La république est alors proclamée, deux fois dans l’après-midi. Une première fois vers 14h à partir du Reichstag, par le social-démocrate Philipp Scheidemann, et une seconde fois vers 16h, d’un balcon du château, résidence principale des Hohenzollern, par Karl Liebknecht (1871-1919), qui proclame une république socialiste. © Collection particulière.

Cette image parue dans Le Miroir montre le secrétaire d’État sans portefeuille dans le cabinet du prince Max de Bade, Philipp Scheidemann (1865-1939), devant le Reichstag, à Berlin, le 9 novembre 1918. Il dit : « l’empereur a abdiqué. Lui et ses amis ont disparu, le peuple a remporté une victoire totale sur eux. Le prince Max von Baden a transmis la fonction de chancelier du Reich au député Ebert. Notre ami va former un gouvernement ouvrier, auquel participeront tous les partis socialistes ». Un marin est placé bien en évidence, en bas à droite de l’image, pour rappeler la révolte d’octobre 1918. Alors que l’amirauté allemande donne l’ordre à la flotte d’attaquer le Home Fleet britannique, des marins, qui ne veulent pas se sacrifier pour une guerre perdue, sont arrêtés. Début novembre, dans le port de Kiel, situé en mer baltique, les drapeaux rouges flottent sur les navires de guerre en protestation contre ces arrestations… © Paris, musée de l’Armée.

Le 9 novembre, Friedrich Ebert proclame la victoire de la révolution et appelle ouvriers et soldats au calme. Le 10 novembre, il instaure le Rat der Volksbeauftragen, le conseil des députés du peuple. Ce nouveau gouvernement parvient à s’imposer grâce au soutien du général Wilhelm Groener, qui a remplacé le général Ludendorff depuis le 29 octobre 1918. Le 11 novembre 1918, sous la pression de l’état-major allemand, le gouvernement accepte la fin des combats et Matthias Erzberger signe l’armistice à Compiègne. En 2014, lors d’une interview, l’historien allemand Arndt Weinrich rappelle que le 11 novembre « n’est pas ancré dans la mémoire allemande ». Le 9 novembre est par contre une date importante avec l’abdication de Guillaume II, la proclamation de la République, dite plus tard de Weimar. © Paris, musée de l’Armée

Novembre 1918, en Allemagne

Le blocus naval de l’Allemagne, entrepris dès 1914 par la Royal Navy, conduit l’Allemagne à demander l’armistice. Il est d’ailleurs maintenu après la signature du 11 novembre 1918 pour forcer l’Allemagne à signer le traité de Versailles, en juin 1919. Il entraîne une sous-alimentation des Allemands et de leurs alliés, provoquant des émeutes en Allemagne et en Autriche-Hongrie.

D’autres facteurs sont à prendre en compte comme la révolution russe d’octobre 1917 et les négociations de Brest-Litovsk, qui aboutissent le 3 mars 1918 à la signature d’un traité de paix.

De la révolte à la révolution

De nombreux signes avant-coureurs, dès janvier 1918, de démoralisation chez les civils, de désobéissance et de désertions chez les militaires, sont ignorés ou masqués par le commandement suprême de l’armée de Terre, et notamment par Ludendorff. À partir de juillet 1918, la population allemande est pourtant touchée dans son territoire par des attaques de l’aviation alliée, alors que de nombreuses lettres du front et les récits des permissionnaires alarment les Allemands sur la supériorité de l’ennemi en avions, en artillerie et en chars, et les Américains se révèlent être des combattants tenaces et agressifs selon l’historien Pierre Jardin.

Au cours du mois de septembre, et plus particulièrement le 29 septembre à l’annonce de l’armistice bulgare, Ludendorff exige qu’une demande de paix soit faite car il n’y a plus d’issue militaire.

Octobre, Zusammenbruch

En octobre 1918, le nouveau chancelier, Max de Bade, envoie une note au président des États-Unis « pour le prier de prendre en main le rétablissement de la paix ». L’événement est si brutal et si soudain qu’il en paraît incompréhensible. Les contemporains en parlent comme d’un effondrement (Zusammenbruch). Le changement de gouvernement permet à l’état-major allemand de se désengager de la demande d’armistice, ce qui donne naissance au mythe du coup de poignard dans le dos – Dolchstosslegende – qui affirmait que seule la révolution allemande avait été la cause de la défaite. Dans le pays, la tension monte jusqu’à conduire aux révolutions du début novembre.

Pour en savoir plus : Pierre Jardin, « La fin de la guerre en Allemagne », Revue historique des armées : http://journals.openedition.org/rha/293 ; Georges-Henri Soutou, 1918 : la fin de la Première Guerre mondiale ? https://journals.openedition.org/rha/288#tocto1n1.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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