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16 - 10 - 2017

Animaux & guerres, épisode 17 : La vache & le bœuf

Camouflage en forme de vache, photographie anonyme, vers 1914-1915 © Paris, musée de l’Armée

Technique de dissimulation et de protection, le camouflage se développe pendant la Première Guerre mondiale avec la création, à partir du mois de février 1915, d’une Section de camouflage. Toutes les armées ont pratiqué le camouflage pour dissimuler soldats et matériel et ainsi tromper l’ennemi. En France, de nombreux peintres, décorateurs, accessoiristes ont fait partie de la Section de camouflage dont le symbole est le caméléon. Sur le terrain, observatoires factices, filets, toiles ou leurres se multiplient comme le montre cette photographie représentant une vache factice.

Origines de l’artillerie française, planches autographiées d’après les monuments du XIVe et du XVe siècle avec introduction, table et texte descriptif par Lorédan Larchey, Paris, 1863. © Paris musée de l’Armée

Ypres, 21 mai 1915, dessin réalisé par Georges Alouis dit Touf (1889-1918). L’artiste est mobilisé au 49e régiment d’artillerie. Ce dessin montre un soldat allemand qui trait une vache. © Paris, musée de l’Armée Dist. RMN-GP / image musée de l’Armée

La vache & le bœuf

Nourrir l’armée

« BŒUF (term. génér.). Mot dérivé du latin et du grec bos, bous, et considéré ici comme un moyen d’aliment militaire […] – Le Règlement de 1818 (13 mai) regardait le Bœuf comme la viande qui doit, en temps ordinaire, être préférée pour la NOURRITURE DES HOMMES DE TROUPE. – On suppute, pour la nourriture d’une ARMÉE, à raison d’un Bœuf par mille hommes. – Le Bœuf fait partie des DENRÉES DE FORTERESSE, soit comme animal sur pied, soit comme BŒUF SALÉ. » (Dictionnaire de l’armée de Terre, Étienne Alexandre Bardin, vol. 2, 1841-1851, p. 778).

De manière symbolique, les cornes du dernier bœuf, tué pour l’alimentation des Parisiens lors du siège de Paris en 1871, sont conservées, montées sur un socle en bois (musée d’Art et d’Histoire de Saint-Denis).

Lors de la Première Guerre mondiale, les bouchers suivent les armées avec des troupeaux de bovins et de porcs. L’écrivain Louis-Ferdinand Céline raconte dans Voyage au bout de la nuit (1932) une scène d’abattage au début du conflit : « Sur des sacs de toiles de tente largement étendues et sur l’herbe même, il y avait des kilos et des kilos de tripes étalées, de gras en flocons jaunes, des moutons éventrés avec leurs organes en pagaïe, suintant en ruisselets ingénieux dans la verdure d’alentour, un bœuf entier sectionné en deux, pendu à l’arbre, et sur lequel s’escrimaient encore en jurant les quatre bouchers du régiment pour lui tirer des morceaux d’abattis. » Mais la guerre de mouvement et les retraites du début du conflit compliquent les déplacements, sans compter l’amenuisement du cheptel français. Dès le mois de novembre 1914, le mode d’approvisionnement des troupes en viande est modifié avec l’importation de viande congelée venue d’Argentine ou d’Australie.

Équiper et transporter

Si la vache et le bœuf sont d’abord employés dans l’armée pour assurer la subsistance des troupes, ils servent également de matière première pour la confection des équipements. Dans l’Antiquité, les Scythes se fabriquent des coiffures de guerre en cuir de bœuf, les combattants romains utilisent le clipeus recouvert de cuir de bœuf comme bouclier. Dans la France du XVIIIe siècle l’équipement des combattants est souvent réalisé en cuir de vache, comme le précise l’ordonnance du 19 janvier 1747, portant règlement pour l’habillement de l’Infanterie et prévoyant pour chaque soldat d’infanterie « une demi-giberne à poche, en cuir de vache rouge ou noire ».

Lors de la campagne de Russie, Napoléon complète les moyens d’équipages militaires en créant des bataillons du train attelés par des bœufs pour épargner les chevaux. Le 6 janvier 1812, il demande un rapport au ministre directeur de l’administration de la guerre, le comte de Cessac, sur leur coût et les capacités de ces animaux. Le 22 janvier suivant, il demande à Eugène, vice-roi d’Italie de former un bataillon d’équipages militaires attelés par des bœufs car « le royaume d’Italie a beaucoup de bœufs ; c’est un moyen de les utiliser. » L’empereur récapitule au comte de Cessac le 24 janvier 1812 qu’il souhaite avoir quatre bataillons attelés par des bœufs composés de 1 224 voitures et un bataillon de voitures à bœufs du royaume d’Italie attelant 306 voitures.

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