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19 - 08 - 2013

Histoires d’Armes épisode 13 : de loin/le feu qui tue, le feu qui protège

Fusil d'infanterie modèle 1866 dit "Chassepot", cartouche de 11mm

Fusil d’infanterie modèle 1866 dit « Chassepot », cartouche de 11mm

LA FIN D’UN GESTE SECULAIRE

Depuis l’origine, la plupart des armes à feu se charge par la bouche du canon. Cette opération, qui ne peut se faire que debout, interdit l’usage de projectiles au calibre exact du canon, à moins de les faire rentrer en force. Le chargement par l’arrière, bien connu depuis le XVe siècle, était impossible à généraliser en raison des fuites de gaz brûlants qui se produisaient lors du tir. Ce problème est en grande partie résolu par un joint d’étanchéité en caoutchouc, qui équipe le fusil modèle 1866, utilisé pour la première fois à Mentana en Italie l’année suivante.

TIRER POUR TUER… ET POUR NE PAS L’ETRE

Garde national posant en studio avec un fusil Chassepot

Garde national posant en studio avec un fusil Chassepot

Le chargement par la culasse améliore la précision du tir, grâce à un projectile au calibre du canon et à la forme aérodynamique ; il accélère la cadence de tir ; enfin il permet de recharger l’arme debout, accroupi ou couché. Malgré les interdictions (comme celle de tirer couché chez les Prussiens), les soldats adoptent alors un comportement différent, tirant de plus en plus vite et plus loin, cherchant à s’abriter du feu ennemi en se baissant ou en exploitant les couverts. Le plus souvent, c’est encore la charge à la baïonnette qui décide de l’issue du combat mais les fantassins peuvent produire un feu tel qu’il devient parfois impossible à l’infanterie ou à la cavalerie ennemie de les approcher. La garde prussienne perd ainsi 6000 hommes en 30 minutes sous le feu des Chassepot à Saint-Privat le 18 août 1870.

Outre qu’elle donne un net avantage aux défenseurs sur les attaquants, cette puissance de feu nouvelle exacerbe encore ce paradoxe du combat : tirer est autant un moyen d’atteindre l’adversaire que de protéger sa propre vie.

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