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7 - 09 - 2016

Rouget de Lisle & La Marseillaise : épisode 12

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Tombe de 1861-1862 © Choisy-le-Roi, Service Archives Documentation Patrimoine

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Tombe de 1902 © Choisy-le-Roi, Service Archives Documentation Patrimoine

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Ci-dessus tombe de 1902 photographiée en 2016 © Sylvie Picolet

De sépulture en sépulture

Rouget de Lisle meurt à Choisy-le-Roi d’un catarrhe pulmonaire le dimanche 26 juin 1836, peu avant minuit. Il est âgé de 76 ans. Les obsèques ont lieu le 28 juin. Après la cérémonie religieuse à l’église, l’inhumation se déroule dans le cimetière de Choisy-le-Roi, situé alors rue de Vitry. L’épée de capitaine du génie, entourée de branches de laurier, est déposée sur le drap mortuaire avec la croix de la Légion d’honneur. Quatre personnes tiennent les coins du poêle : le général Blein, Louis Cantien Boivin, maire de Choisy-le-Roi de 1847 à 1853, M. de Quer, ancien administrateur des armées, et le sculpteur Théophile Bra (1797-1863). Blein prononce un discours au cours duquel il dit que « Rouget de Lisle n’a jamais eu d’idées sanguinaires et [qu’]il était avant toute chose, l’homme du bien, de l’ordre et de la paix ! » Il rapporte des paroles de Rouget de Lisle : « Je serais indigné si les malintentionnés ou les ignorants me jugeaient comme un ancien terroriste ou un fomentateur de révolutions. Je n’ai pas composé La Marseillaise pour soulever les pavés de Paris, mais bien pour renverser les cohortes étrangères. Nos sillons ne doivent pas boire le sang français, ils sont destinés à recevoir des épis nourriciers qui grandiront pour vivre en frères ! »

Le 22 mars 1839, les Choisyens signent une pétition car le cimetière est devenu trop petit mais le Conseil municipal n’a alors pas les fonds pour acheter un nouveau terrain afin d’y bâtir un cimetière plus grand. Inquiet pour la tombe de son ami, Blein obtient l’autorisation de placer les restes de Rouget de Lisle dans un petit enclos situé à Thiais – commune voisine de Choisy-le-Roi – destiné aux membres de sa famille. Il commande alors un monument qui est béni le 27 juin 1843, à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Rouget de Lisle. Ce monument est inauguré le 10 mars 1844, dans l’Élysée Blein et les Thiaisiens espèrent y voir transféré le corps, mais Blein meurt le 2 juillet 1845. Il est inhumé dans l’Élysée.

Un nouveau cimetière à Choisy-le-Roi est ouvert rue Demanieux, en 1853. Le terrain de l’ancien cimetière est aussitôt désaffecté et doit être repris en novembre 1863. Informé de la situation, Charles-Arthur Perrotin (1796 ?-1866) achète une concession perpétuelle dans le nouveau cimetière et fait ériger un nouveau tombeau pour y recueillir les restes mortels de Rouget de Lisle.

Le 8 novembre 1861, le corps est exhumé en présence de C.-A. Perrotin, Louis Marie Normand (1789-1874), architecte, graveur et maire de Choisy de 1853 à 1856, Jean-Baptiste Gindre de Maincy (1797-1872) et madame veuve Rueil, ancienne servante de Rouget.

Les tombes

La tombe de 1836 est très simple puisque l’enterrement se déroule deux jours après le décès de Rouget de Lisle. D’après une illustration, non identifié pour l’instant, il n’y a pas de pierre tombale, juste une croix en bois portant le nom de Rouget de Lisle.

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Restes de la tombe de 1861-1862 et d’une couronne. En 1882, au moment de l’inauguration de la statue de Steiner à Choisy-le-Roi, la ville fait placer sur la pierre tombale une couronne mortuaire d’immortelles contenant au centre une étoile à sept branches. La couronne porte l’inscription : À Rouget de Lisle offert par le Conseil municipal – au dos : L. Maupin 1882.

La tombe de 1844 n’a jamais contenu les restes de Rouget de Lisle. La stèle est ornée d’une réplique en marbre blanc du médaillon représentant le profil de Rouget de Lisle par David d’Angers qui en a exécuté une réplique et l’a offerte à Blein. Après la mort de Blein, en 1844, sa fille se marie et quitte la région en emportant le médaillon de David d’Angers.

La tombe de 1861-1862 est recouverte d’une pierre tombale et d’une stèle surmontée d’un obélisque. Elle est décorée d’un médaillon en terre cuite de forme ovale avec le profil de Rouget de Lisle, réplique de celui de David d’Angers. Cette tombe très abîmée est encore visible contre l’un des murs du cimetière comme le montre la photographie ci-contre.

La tombe de 1902 porte elle aussi un médaillon en bronze avec le profil de Rouget de Lisle, ainsi que quatre portées de la partition de La Marseillaise et une épée également gravée et dorée…

Le conseil municipal de Choisy-le-Roi avait pris la décision, en novembre 1901, de remplacer la tombe de 1862 par un monument en granit de Vire plus résistant aux intempéries. Ce monument est toujours visible dans le cimetière, toutefois depuis 1915, ce n’est plus une tombe mais un cénotaphe, puisque les restes de Rouget de Lisle ont été transférés dans le caveau des gouverneurs aux Invalides.

Pour en savoir plus : La Gazette de Thiais, décembre 1988, mars 1989, juin 1989. Les trois articles sont rédigés par Robert Laporte, premier adjoint au maire.

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