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18 - 05 - 2021

« Napoléon n’est plus » : ces 4 objets qui fascinent les commissaires d’exposition

Ouverte au public le 19 mai 2021, l’exposition « Napoléon n’est plus » retrace à travers de nombreux objets et documents de l’époque, la mort de l’Empereur et le rapatriement de sa dépouille de l’île de Sainte-Hélène jusqu’aux Invalides. Pour cette occasion, nous vous présentons 4 objets, 4 coups de cœur des commissaires d’exposition, que vous retrouverez dans les salles dès la réouverture du Musée.

 

Objet n°1 : une lettre du général Bertrand à son frère.

Le choix de Pierre Branda, de la Fondation Napoléon

Lettre du général Bertrand

Henri Gatien Bertrand, « Lettre du général Bertrand à son frère Louis, Longwood, 6 mai 1821, annonçant la mort de Napoléon » © Médiathèque Equinoxe – ville de Châteauroux

La mort de Napoléon fut une mort entourée. Parmi les derniers compagnons du captif, le grand maréchal Bertrand. Jusqu’à la fin, il fut fidèle à son maître mais lui aussi était parvenu au bout de la souffrance. Dans cette émouvante lettre à son frère, il annonce la mort de son maître mais d’une plume lasse, cet homme réservé et taciturne laisse poindre un certain soulagement. Ce document exceptionnel illustre bien les sentiments mêlés et divers de ces hommes qui vécurent tout le drame de l’exil, ses courtes espérances comme ses malheurs. Ce crépuscule annonçait en effet une nouvelle ère. Bertrand comme d’autres allaient en quelque sorte revenir à la vie pour honorer et défendre la mémoire du vainqueur d’Austerlitz. Ce 6 mai fut un jour particulier, à la croisée des chemins.

 

Objet n°2 : la planche « Maladies de l’estomac »

Le choix de Léa Charliquart, du musée de l’Armée

La planche "maladies de l'estomac"

Jean- Cruveilhier, planche extraite de l’ouvrage « Anatomie pathologique », tome 1 © BIU Santé, Paris

Le travail de Jean Cruveilhier, premier titulaire de la chaire d’anatomo-pathologie de la faculté de médecine de Paris, est représentatif du développement de la recherche et de la pratique médicales au XIXe siècle. Cette planche, extraite de son Traité d’anatomie pathologique, présente différentes affections provoquées par un ulcère à l’estomac, cause de la mort de Napoléon selon le rapport d’autopsie du Dr Antommarchi. Le recours aux travaux des sciences naturelles au sein de l’exposition permet de renouveler l’approche du sujet et de tisser de nouveaux liens avec d’autres institutions, comme ici avec la bibliothèque de la faculté de médecine. Le dernier soupir de Napoléon,

« le plus puissant souffle de vie qui jamais anima l’argile humaine »

comme l’a écrit Chateaubriand, est aussi la clôture d’un dossier médical que l’exposition entend présenter aux visiteurs.

 

 

Objet n°3 : une boîte de valeur et de haute estime.

Le choix de Chantal Prévot, de la Fondation Napoléon

Adrien-Jean-Maximilien Vachette, « Boîte à priser léguée à Lady Holland » © The British Museum, Londres, Dist. RMN-Grand Palais / The Trustees of the British Museum

Chef-d’œuvre de l’orfèvrerie parisienne du début du XIXe siècle, cette boîte de présent finement ciselée d’or et ornée d’un médaillon antique connut une destinée exceptionnelle. Le camée fut offert par le pape Pie VI au général Bonaparte en 1797, la bonbonnière fut créée par les maître orfèvres Nitot et Vachette peu après 1800. Napoléon choisit de la léguer à la seule femme figurant sur son testament – hormis les membres féminins de sa famille : Lady Holland, figure de proue du parti libéral britannique qui avait apporté son soutien et son aide aux Français exilés à Sainte-Hélène à de multiples reprises. Glissée à l’intérieur, une mention manuscrite impériale lui témoignait sa « satisfaction et son estime ». Donné au British Museum à la mort de Lady Holland, cet objet symbolique est montré pour la première fois en France.

 

Objet n° 4 : le dernier voyage

Le choix d’Emilie Robbe, du musée de l’Armée

Tableau de l'Embarquement du cercueil de Napoléon à bord de la Belle Poule

Eugène Isabey, « Embarquement du cercueil de Napoléon à bord de la Belle Poule », huile sur toile, 1842, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon © RMN – Grand Palais (Château de Versailles)/Gérard Blot

Le 15 octobre 1840, sous les yeux des marins français et des habitants de l’île de Sainte-Hélène, le cercueil de Napoléon s’élève pour se poser sur le pont de la frégate La Belle Poule. Le bruit et la fumée des salves d’artillerie, le soleil qui se couche derrière les rochers noirs de l’île parent la scène de couleurs d’incendie, comme un retour des enfers. Après vingt-cinq ans d’exil, le corps de Napoléon part retrouver la terre de France. Le peintre Eugène Isabey n’a pas assisté à la scène, qui s’est jouée dans l’Atlantique sud à 7 000 kilomètres des côtes européennes, mais il s’est documenté avec soin. La précision de la représentation, ici, paraît transcendée par la solennité de l’instant. Le temps, comme suspendu avec le cercueil au-dessus du pont, entre deux mondes, donne à ce moment fugace des airs d’apothéose.

Vous pourrez découvrir ces objets et beaucoup plus au musée de l’Armée, du 19 mai au 31 octobre 2021.

 

L’exposition « Napoléon n’est plus » est co-organisée avec la Fondation Napoléon.

Cet article est extrait de l’Écho du Dôme, le magazine du musée de l’Armée. 

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