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17 - 10 - 2013

Les coulisses musicales : Mathilde Coste, l’art d’une récitante

A l’occasion de son exposition Indochine. Des territoires et des hommes, 1856-1956 qui vient d’ouvrir ses portes, le musée de l’Armée organise dans le cadre de sa saison musicale un Cycle Indochine autour d’une programmation qui se veut un écho sensible et évocateur des rêveries, des fantasmes et des visions suscités par un Orient lointain.

Ainsi pourrez-vous écouter vendredi soir prochain – le 18 octobre à 20h au Grand Salon – Images d’Orient de Schumann, Prestidigitateur chinois de Satie, Pagodes et Poissons d’or de Debussy,… interprétées par les pianistes Michel Beroff et Marie-Josèphe Jude, accompagnés par Khrystyna Sarksyan à la flûte. Ce rêve oriental qui a inspiré tant de compositeurs a aussi été nourri par une foule de récits de voyages et de témoignages de la période coloniale de l’Indochine, instruments d’expression qui ont stimulé une fascination collective. Et c’est précisément  ce que retranscrivent les textes extraits d’Un Pèlerin d’Angkor de l’écrivain Pierre Loti, qui seront déclamés par la récitante Mathilde Coste. Nous avons pu lui poser quelques questions sur son travail, en avant-première du concert :

Être récitante, c’est être un peu comédienne, non ?

La lecture publique d’un texte littéraire est un travail différent de celui du comédien engagé dans une œuvre dramaturgique. Il s’agit d’emmener le public dans un voyage, mais ce n’est pas le même voyage qu’au théâtre, parce que le récitant n’est pas en relation avec d’autres acteurs. Il n’est en relation qu’avec lui-même et avec le public à travers un texte. C’est un travail extrêmement proche de celui du musicien-interprète.

Comment préparez-vous ce travail ?

J’aborde le texte littéraire à lire à voix haute comme une partition : je cherche d’abord le phrasé qui restitue au mieux le sens du texte. Chercher le phrasé, c’est chercher le souffle naturel dans lequel une phrase doit être lue, son rythme, ses accélérations et ses ralentissements, ses respirations et ses silences. Puis je cherche ses nuances qui vont du pianissimo au fortissimo, les crescendo et les piu forte etc. Un Pèlerin d’Angkor est une méditation assez solitaire empreinte d’une  coloration d’ensemble mezzo piano avec de douces nuances, mais Loti a écrit d’autres textes dans lesquels on trouve des fortississimo dramatiques, je pense notamment à certaines pages qu’il a écrite sur la mer, qu’il connaissait si bien comme officier de marine.

Quelles sensations ces textes vont-ils nous faire explorer vendredi soir ?

Il y a aussi dans Un Pèlerin d’Angkor et en général dans l’écriture de Loti une profusion de sensations visuelles, olfactives, sonores, tactiles et gustatives. Loti est un peintre extraordinaire des sensations ; pour rendre vivant les textes de Loti il faut faire appel à sa mémoire sensorielle et se laisser parcourir par les précieuses vibrations qu’elle fait remonter en soi.

Et comment s’exprime le lien entre ces textes et le programme musical ?

Il faut le souligner, les affinités sont assez exceptionnelles entre les textes de Pierre Loti et les œuvres de Debussy et de Ravel. C’est rare de trouver une telle proximité. Elle peut s’expliquer, à mon avis, à la fois par une proximité dans le moment de l’écriture et la composition de ces pièces, et par une communauté d’inspiration qui va au-delà de l’époque et des modes pour l’orientalisme qui traversaient alors les courants artistiques.

Un dernier conseil pour apprendre à écouter ces textes ?

Pour travailler ces textes j’ai beaucoup écouté de musique et notamment le programme du concert ; les Ravel et les Debussy sont tombés comme Loti sous le charme d’un Orient vus à travers le filtre de l’envoûtement. Il faut s’abandonner à cette douce pipe d’opium.

Pour tomber sous le charme de rêveries orientales, réservez vos billets et rendez-vous vendredi 18 octobre à 20h00 au Grand Salon de l’Hôtel national des Invalides pour un concert qui promet d’être envoûtant !

 

Propos recueillis par Jean-François Gaudin
Chargé des publics et de la promotion de la saison musicale

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