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16 - 12 - 2015

Le musée de l’Armée et Star Wars !

Les collections du musée de l’Armée dans de lointaines galaxies ou comment l’histoire inspire la fiction.

Armure japonaise © Paris, musée de l’Armée, Emilie CambierUne armure noire et brillante ? Un inquiétant masque aux yeux vides d’où sort une voix d’outre-tombe ? Dark Vador ? Pas toujours !
Le laque noir qui recouvre maintes armures de samouraïs a certainement inspiré Ralph McQuarrie, créateur de l’univers visuel de Star Wars. Cette armure nous parle d’une autre guerre civile, achevée en 1600 dans une galaxie très lointaine, au Japon ; d’un autre « empereur » – Tokugawa Ieyasu – qui prend le pouvoir sur la totalité de l’archipel et envoie aux souverains européens, en signe de victoire, les armures de ses ennemis. De l’autre côté de la planète, c’est un enfant, le jeune Louis XIII, âgé alors de treize ans, qui découvre cet étrange cadeau, préservé dans le Garde-Meuble des rois de France. D’où il nous est parvenu. Comme toujours, la réalité dépasse de loin la fiction…

A moins que les créateurs de la saga ne se soient inspirésCasque d'acier allemand modèle 1916 © Paris - Musée de l'Armée, Emilie Cambier d’une autre réalité bien plus sombre et plus proche de notre époque. On peut en effet voir dans le casque de Dark Vador la forme très caractéristique et hypertrophiée de celui des soldats allemands, soit du Stahlhelm Modèle 16 de la Première Guerre mondiale ou du casque modèle 35 de la Seconde Guerre mondiale.
La nuquière, la forme ronde de la bombe inspirent à coup sûr la réalisation de l’impressionnant et mythique couvre-chef du sombre seigneur Vador.
Si à cela on ajoute le côté obscur de la force et le costume noir (mise à part la cape) … le tout au service de l’empereur, on peut oser le comparatif avec la Leibstandarte AH, ces soldats de la SS habillés de noir et coiffés du fameux casque, qui constituent la garde rapprochée d’Adolf Hitler.

Malheureusement, le musée de l’Armée ne possède pas de sabre laser ; il n’est pas sûr d’ailleurs que l’élégante arme des chevaliers Jedi ait jamais existé, car concentrer la puissance d’un rayon de lumière sur une longueur inférieure à un mètre reste encore un défi non résolu.
Epée de parement aux armes de Mansfeld © Paris, musée de l’Armée, Fanny ReynaudDe plus, ces armes comportent de nombreux défauts : lumineuses et sonores, elles interdisent toute discrétion à leur porteur et rien n’est prévu pour protéger les mains du combattant (beaucoup de nos Jedis finissent d’ailleurs avec une main en moins). Rien ne vaut une véritable épée, comme celle-ci, dont la garde est en cristal de roche et dont le pommeau porte les armes d’Ernst von Mansfeld (1580-1626), un des grands capitaines protestants opposés aux Habsbourg pendant la Guerre de Trente Ans. Il s’agit d’une pièce d’apparat dont la forme est encore médiévale, témoignant de la force symbolique toujours vive, à l’époque du mousquet et du canon, de ces armes chevaleresques. Six cents ans après, ce prestige est encore intact… n’est-ce pas Monsieur Lucas ?

Georges Lucas, comme Sergueï Eisenstein dans son film Alexandre Nevsky,Armure milanaise de Niccolo Silva © Paris, musée de l’Armée, Emilie Cambier / Pascal Segrette habille de blanc l’armée des méchants. Mais on n’a pas attendu les Stormtroopers de l’Empire pour porter des armures blanches : cinq cents ans avant Star Wars, le « harnois blanc » représente le summum de l’équipement du combattant : forgée sur mesure dans un acier d’un éclat exceptionnel, soigneusement polie, parfaitement articulée et idéalement protectrice, cette armure témoigne de la perfection technologique des ateliers milanais. Nicolo Silva, un des meilleurs armuriers de la capitale lombarde au début du XVIe siècle, largement représenté dans les collections du musée de l’Armée, ne néglige aucun détail et souligne même d’une légère gravure les pièces merveilleusement réalisées qu’il livre à ses commanditaires. Il travaille pour de vrais guerriers, lui, pas pour des figurants.

Mitrailleuse MG34 © Paris, musée de l’Armée, Laurent Sully-JaulmesCette mitrailleuse MG 34, ici montée sur son affût, est visible au 3ème étage des salles consacrées aux deux guerres mondiales.
Le DLT-19, fusil laser des troupes de l’Empire, n’est que la dernière évolution de cette mitrailleuse, arme collective de l’armée allemande utilisée pendant le deuxième conflit mondial.
On y retrouve tous les éléments depuis le cache flamme tronconique, jusqu’au protège canon percé de trous ronds pour faciliter le refroidissement par air, en passant par le bipied replié sous le dessous du tube à l’avant, ainsi que la forme caractéristique de la poignée pistolet et de la crosse en aileron de requin… Tout y est, à l’identique….sauf l’affût lourd et la bande de munitions de 7.92 mm, puisque dans cette lointaine galaxie, c’est a priori le laser qui prévaut !

Cette blouse camouflée floue « Sumpfmuster » (motif marécage, Allemagne)Blouse camouflée réversible de la Heer © Paris, musée de l’Armée, Emilie Cambier est visible dans les salles des deux guerres mondiales sur le mannequin du Panzergrenadier. Elle est apparue sur le front russe dès 1943. Durant la Seconde Guerre mondiale, ce survêtement de camouflage qui est destiné à l’origine aux tireurs d’élite de l’armée allemande, se retrouve par la suite en dotation dans certaines unités de Panzergrenadier. Réversible, cette blouse présente une face blanche et une face camouflée de trois teintes dites « marécage », qui la rend idéale pour passer inaperçu dans les zones forestières de la lune d’Endor. On peut noter la similitude plus que troublante tant dans la coupe ample, la capuche et surtout le motif de taches de camouflage aux bords flous, de la blouse utilisée par la Princesse Leia et son commando de rebelles à la fin de l’épisode VI, Star Wars : Le retour du Jedi, pour prendre d’assaut la casemate abritant le générateur du champ de Force.

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