Très grand claveciniste français de renommée internationale, Olivier Baumont nous présente le programme qu’il a conçu en collaboration avec Denis Podalydès, le 13 octobre prochain.
Quel rapport avez-vous avec la saison musicale du musée de l’Armée.
J’ai d’abord rencontré le Général Delmas, dont l’épouse est claveciniste puis Christine Helfrich et j’entretiens depuis 25 ans, soit depuis sa création, une relation fidèle avec la saison musicale du musée de l’Armée.
J’ai beaucoup de beaux souvenirs de mémorables concerts, notamment au Grand Salon autour du thème des Grandes Batailles. Il est rare d’entretenir une telle relation avec une saison musicale parisienne. C’est toujours une joie renouvelée pour un musicien de réaliser de nouveaux projets au sein d’un même lieu.
Quel rapport entretient Saint-Simon avec la musique ?
Ce qui est très intéressant c’est que Saint-Simon n’était pas du tout musicien ! Il dit même de lui qu’il n’est ni homme de spectacle ni homme de musique. C’est un homme de cour. A cette période la musique est omniprésente c’est pourquoi ses Mémoires fourmillent d’indications musicales, délicieuses pour les mélomanes. Je dirais qu’il est musicien comme l’étaient tous les aristocrates de son époque : il se rend fréquemment à l’opéra ou dans les salons et entretient un rapport social à la musique.
En campagne militaire, le rôle de la musique est très utilitaire. Elle célèbre une victoire, envoie des signaux spécifiques à l’ennemi… c’est un vrai langage, très codifié, à certains égards ! Saint-Simon est témoin de la musique de son époque. Un témoin lambda mais un génie de l’écriture !
Présentez-nous le programme que vous avez conçu en collaboration avec Denis Podalydès.
Tout d’abord je suis très heureux de cette nouvelle collaboration avec Denis Podalydès. C’est un vrai plaisir de travailler avec lui car c’est un « diseur » de texte formidable. Nous avions déjà travaillé ensemble aux côtés d’Isabelle Druet lors de Saint Simon en musique, que nous avions donné en juillet 2014 au château de Chambord.
Ce programme s’axe sur les textes de jeunesse de Saint-Simon lors des campagnes militaires entre 1692 et 1702. Le rapport à la musique est très intéressant. Le Bruit de guerre, que nous retrouvons chez Couperin, est une réalité sur un champ de bataille ! Il s’agit de faire sonner tous les instruments pour impressionner l’ennemi. La sourdine, à l’inverse, permet de le surprendre.
Le programme intègre la Steinkerque de 1692 de Couperin, ainsi que La Triomphante. Il reprend également Les Caractères de la guerre de Dandrieu sur le modèle des Caractères de La Bruyère. Nous avons lié les textes et la musique par leurs affinités respectives et non par chronologie spécifique.
C’est fascinant de faire résonner des textes racontant la vie de soldat en campagne en musique. Cette association nous offre une vision intimiste de ce qu’était la réalité de leur vie et leur souffrance. La plainte des blessés de Dandrieu permet au spectateur d’être au plus près de la vie du soldat.
La mise en musique de ces évènements fut un moyen pour la cour d’avoir des nouvelles des armées et du front. Certains passages sont amusants, notamment l’anecdote du Duc de Vendôme réveillé tambour battant !
La musique militaire a certes une vocation utilitaire mais des compositeurs comme Couperin et Dandrieu ont su la sublimer, la réécrire et la réinterpréter. Saint-Simon suit, involontairement, le même procédé. Il est témoin de ces campagnes et nous livre, quarante ans plus tard, la vision d’un écrivain inspiré.
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