Pierre Machard débute sa carrière à la section photographique de l’armée (SPA) en mai 1915 et réalise son dernier reportage le 14 juillet 1919, à l’occasion des fêtes de la Victoire. Autant dire qu’il travaille pour la section de sa création à sa transformation à la fin de la guerre, réalisant 70 reportages en France et sur le front d’Orient.
Un de ses clichés les plus connus montre un jeune tirailleur sénégalais revenant de l’attaque, épuisé mais sain et sauf; il s’agit sans doute des combats du 24 octobre 1916 pour la reprise du fort de Douaumont. Sans montrer la terrible réalité du combat, Machard saisit sur le vif tout le désarroi de cet nomme qui rentre des premières lignes, un pied nu et posant gravement pour lui, le regard absent.
Pierre Machard photographie le quotidien de la guerre dans ses conséquences les plus dures : la blessure et la mort. Ainsi, cette série de clichés, interdite par la censure, de cadavres de soldats français entreposés sur des civières dans une église, attendant leur enterrement. Ou encore, sur le mode de la scène quotidienne et de la banalité, la logistique de la mort dans son aspect le plus trivial : un soldat ambulancier, chargé de plusieurs croix de bois, livre la soupe aux premières lignes, portant d’un même pas les signes ordinaires de la vie et ceux de la mort.
Marchard se veut aussi l‘homme de la lumière lorsqu’il met en scène ce soldat dans une peinture fantasmagorique percée de lumière, apparition inattendue et sublimée d’un héros des Nibelungen, si éloignée du tonnerre des canons.
Crédits photos : © ECPAD / Pierre Machard
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