La difficulté des reportages effectués lors des missions de protection et de sécurisation sous mandat international vient souvent du fait que les photographes doivent témoigner de conflits complexes sans bénéficier des opportunités qu’offrent une immersion au sein d’unités combattantes ou la présence au plus près de l’action.
L’adjudant-chef Janick, auteur de cette image, témoigne :
« Je me souviens surtout d’une chose, bien que cela ne se voie pas trop à l’image : il faisait extrêmement froid. On a suivi toute la matinée ces blindés français dans leur mission de sécurisation d’axes routiers. Nos doigts et nos pieds étaient gelés. Je me souviens d’avoir apprécié la vision du panneau cassé indiquant la direction de Sarajevo. Ce nom était mythique, marqué dans tous les esprits à l’époque. Le panneau était à l’image de la ville : toujours là, toujours debout, compréhensible bien qu’abîmé par la guerre et la folie des hommes ».
À l’image du blindé des soldats français, dont l’inscription à la peinture blanche indiquant son appartenance aux forces de l’ONU a été hâtivement grattée pour faire réapparaître le fond vert kaki correspondant au nouveau mandat de l’OTAN, tout semble toujours incertain dans le « chaudron des Balkans », en ces années 1990.
Des ombres qui passent dans le froid glacial, un chien errant, un pont sur lequel plus aucun train ne passe, un carrefour qui ne connaît plus de circulation et des panneaux qui n’indiquent plus grand-chose : la désolation est partout mais la vie continue, envers et contre tout.
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