Engagé volontaire en 1915, Albert Samama-Chikli devient opérateur auprès de la section photographique de l’armée (SPA). Réalisés à des fins de documentation et de propagande par l’image, ses clichés — comme ceux de tous les opérateurs de la section — sont soumis à un contrôle officiel strict. Les scènes qu’il photographie révèlent pourtant la brutalité de la guerre et la soumission des hommes aux éléments.
Omniprésent, le sol constitue un adversaire quotidien. Dans cette photographie où les soldats français et leurs effets personnels se confondent avec la terre d’une tranchée conquise, celle-ci apparaît comme le cadre de vie précaire du combattant autant que celui du combat. Près de Verdun, la dépouille d’un soldat français, abandonnée près d’un trou d’eau stagnante, montre la dureté de la guerre et l’endurcissement des combattants qui semblent indifférents au sort de leur camarade tombé au combat. La diffusion de telles représentations est interdite par le comité de censure pour ne pas compromettre le moral et le soutien de la Nation. Samama-Chikli réalise plusieurs images autour de ce cadavre, celle-ci n’a donc pas été prise en cachette et illustre la complexité du contrôle des prises de vue sur le terrain. L’œil du photographe sait cependant capter des moments plus légers quand il photographie un groupe de soldats portugais qui semblent s’empresser, dans une joyeuse pagaille, de quitter le bateau qui vient de les amener jusqu’à Brest, sous l’oeil d’un fusilier marin indifférent a cette agitation.
Crédits photos : @ ECPAD / Albert Samama-Chikli
Ajouter un commentaire