Préservée de l’invasion à la faveur du « miracle de la Marne », Paris voit le front s’éloigner de près de 100 kilomètres en septembre 1914. La capitale vit alors au rythme d’une guerre omniprésente mais lointaine.En 1919, elle reçoit pourtant la Croix de guerre, rappelant qu’elle a subi 90 jours de bombardement en quatre ans.
Paul Queste, opérateur de la section photographique de l’armée (SPA), représente un immeuble parisien éventré par l’explosion d’une bombe de 100 kilos larguée depuis un bombardier allemand Gotha le 8 mars 1918, au cours d’un raid où 28 bombes explosent sur Paris et une soixantaine sur sa banlieue. L’image révèle la puissance de l’impact qui provoque, outre l’effondrement du bâtiment, la mort de plusieurs locataires.
Entre mars et août 1918, les Pariser Kanonen tirent plus de 360 obus, blessant 620 personnes et tuant 256 autres. Albert Moreau montre aussi les répercussions des bombardements sur les Parisiens dont beaucoup tentent de fuir la capitale, telles ces familles qui entassent leurs biens sur des charrettes pour gagner la gare d’Austerlitz. Les signes de l’engagement de la capitale dans la guerre sont abondamment photographiés comme sur le quai de Grenelle où sont déchargées les douilles d’obus destinées a être refondues, image symbolisant bien la dimension industrielle de la guerre. À cette profusion de munitions répond » l’exposition » de fruits et légumes à la devanture d’un épicier parisien, qu’Albert Moreau se plaît à présenter comme une sorte de corne d’abondance moderne.
Crédits photos : © ECPAD / Paul Queste ; © ECPAD / Albert Moreau
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