L’arrivée des parlementaires se déroule de nuit. L’obscurité empêche de faire des photographies. Une tentative est réalisée à la villa Pasques, mais la photo est ratée. La presse se sert donc de ce dessin de Georges Scott, peintre aux armées et illustrateur de presse. Trois des cinq voitures de la délégation sont évoquées, notamment par le faisceau des phares. L’artiste représente les deux voitures de tête, capote abaissée, ce qui est peu vraisemblable, et équipées d’un grand drapeau blanc. Sur la route de La Capelle, vers 21h, un soldat français lève un bras pour stopper le convoi, Scott représente sans doute le capitaine Marius Lhuillier, commandant du 1er bataillon du 171e régiment d’infanterie. Au premier plan, six autres soldats français représentés de dos sont reconnaissables à leur casque Adrian. Le trompette uhlan Arthur Zobrowski n’est pas visible sur ce dessin. © Paris, musée de l’Armée.
Ce clairon est celui du caporal Pierre Sellier qui sonne le cessez-le-feu le 7 novembre 1918, prenant ainsi le relai du trompette allemand Arthur Zobrowski, sur le marchepied de la voiture de tête des plénipotentiaires. Il donne l’instrument au musée de l’Armée le 19 février 1926, à l’issue de la cérémonie au cours de laquelle il est décoré de la Croix de chevalier de la Légion d’honneur, dans la cour d’honneur des Invalides. Pour permettre le passage des plénipotentiaires, un cessez-le feu temporaire est communiqué sur le terrain, tout d’abord par le téléphone, le télégramme et par des estafettes (agents de liaison), enfin « à portée d’oreille » par la sonnerie d’un instrument à vent. Plusieurs clairons sonnent le cessez-le-feu jusqu’au 11 novembre. Le 8 novembre, Philippe Roux, puis Georges Émile Labroche (1896-1969), clairons au 19e bataillon de chasseurs à pied, le sonnent pour escorter le capitaine von Helldorf qui emporte le projet de convention d’armistice à Spa, le grand quartier général allemand. Son appel est relayé sur toute la ligne de front de la 166e division d’infanterie par les autres clairons. Le 11 novembre à 11h, à Vrigne-Meuse dans le village de Dom-le-Mesnil, le clairon Octave Delaluque (1889-1931) du 415e RMIA régiment d’infanterie sonne lui aussi le cessez-le-feu. L’annonce de la fin des combats est ensuite sonnée par les clairons de l’armée française, par les bugles des Alliés et des Allemands sur tout le front Ouest.
Via Rethondes
De Berlin à Spa…
Le 6 novembre à 0h30, les plénipotentiaires allemands partent de Berlin en train à destination de Spa, où se situe le grand quartier général allemand. À partir de midi trente, le parcours se poursuit à bord de cinq voitures. Il est rendu difficile, par l’état des routes et des ponts, et dangereux parce qu’il faut franchir la zone de combat des lignes allemandes, puis françaises. Les combattants ont été en principe prévenus d’une suspension temporaire des combats pour laisser passer le convoi des plénipotentiaires allemands. À partir de Fourmies, le capitaine de cavalerie Schaube est chargé d’organiser la traversée. Une nappe damassée blanche et un drap de lit d’enfant servent de drapeau pour les deux voitures de tête. Le sous-officier uhlan Arthur Zobrowski monte sur le marchepied de la première voiture et sonne avec sa trompette pour prévenir du passage du convoi parlementaire.
Jusqu’à la Capelle puis Rethondes
La 3e compagnie du 171e régiment d’infanterie, avec à sa tête le capitaine Lhuillier, doit sécuriser l’arrivée du convoi dans les lignes françaises. Un cessez-le-feu est prévu de 13h à minuit. Le convoi arrive vers 21h00, il est immédiatement escorté par Lhuillier. Le caporal Sellier remplace Zobrowski sur le marchepied, il tient le drapeau blanc et sonne le cessez-le-feu à l’aide de son clairon. Les sonneries sont reprises par les unités situées sur le passage des voitures jusqu’à La Capelle. Sur ordre de Foch, le général Debeney à détaché le commandant François de Bourbon-Busset pour accueillir les plénipotentiaires dans le hameau de Haudroy. Ce dernier est chargé de vérifier leur accréditation dans l’ancienne kommandantur de La Capelle, appelée la villa Pasques. Les drapeaux blancs sont récupérés et mis en morceaux par les soldats français.
Vers 22h la délégation embarque à bord de cinq voitures françaises, s’arrête dans le presbytère de Homblières pour se restaurer. Le 8 novembre, à 1h30, le général Debeney se présente à la délégation, puis lui propose de rejoindre la gare de Tergnier à bord de cinq voitures. Ils y parviennent à 4h. Les officiers de la sûreté militaire et les délégués allemands embarquent dans le train dont les fenêtres ont été occultées. Lors de leur arrivée ils sont informés qu’ils ont rendez-vous à 9h avec Foch.
Écoutez la sonnerie du cessez-le feu.
Cette figurine Mokarex est présentée dans les cabinets insolites du musée.
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