Situé sur le Rhin, le pont reliant Khel à Strasbourg est représenté du côté français, gardé par des mitrailleuses posées au sol et des sentinelles vêtues de bleu horizon et coiffées du casque Adrian porté à partir de 1915-1916. En contraste, les soldats qui arrivent du pont portent leur uniforme de 1914-1915 avec le pantalon et le képi rouges. Ils transportent les éléments qu’ils ont accumulés dans les camps ou sur leur lieu de travail forcé pendant les trois ou quatre ans de guerre. Le peintre, Flameng, les représente visages fermés, baissés ou regard hostile. © Paris, musée de l’Armée
Le Miroir du 14 janvier 1917 : l’empereur d’Autriche-Hongrie Charles Ier et Falkenenhayn à Kronstadt en Roumanie. © Paris, musée de l’Armée.
Retour des prisonniers
À l’annonce de chaque armistice, commence pour de nombreuses personnes un changement de situation important : les réfugiés civils, par exemple, ayant fui leur territoire occupé par l’adversaire et/ou dévasté par la guerre doivent choisir, si possible, de revenir ou de rester là où ils ont trouvé refuge. Le sort des prisonniers de guerre est directement lié à la convention qui est signée, mais aussi à des contraintes militaires, politiques, économiques, etc.
Prisonniers de guerre
Leur retour s’effectue généralement en plusieurs étapes. Qu’ils rentrent par leurs propres moyens ou en suivant un dispositif mis en place, de par leur statut militaire, ils doivent tout d’abord se rendre auprès des autorités militaires de leur pays. Pour la France, à partir du 30 novembre 1918, c’est le général Dupont qui est chargé d’organiser le rapatriement de plus de 500 000 prisonniers français retenus en Allemagne. Dans les camps où toutes les nationalités sont réunies, la situation est explosive. L’opération se termine à la mi-janvier 1919.
Les prisonniers de guerre sont tout d’abord regroupés pour passer des examens médicaux. Ils sont ensuite dirigés sur une caserne où ils doivent remplir un questionnaire et être interrogés notamment sur l’origine de leur captivité. Selon leur nationalité et leur situation militaire – une distinction est à faire entre les militaires de carrière et les mobilisés – ils partent ensuite en permission dans leur famille pour environ un mois pour les Français. Ces derniers sont généralement réaffectés d’office au Dépôt de leur arme correspondant à la circonscription de recrutement dont ils font partie jusqu’à leur démobilisation. Les prisonniers Britanniques et les Américains, moins nombreux, sont assez rapidement rapatriés. Il n’en est pas de même, par exemple, pour les Russes retenus en Allemagne pour servir de main d’œuvre après la signature de l’armistice de Brest-Litovsk et ce parfois jusqu’en 1922. En raison de l’évolution politique du pays, le retour des prisonniers n’est par ailleurs pas forcément souhaité par les autorités russes.
Le retour des prisonniers à la vie civile est un nouveau combat pour des hommes généralement traumatisés d’avoir été maintenus en captivité, souvent suspectés de s’être mis à l’abri de la guerre, d’avoir pactisé avec l’ennemi… La société en général les met à l’écart par un traitement différent des autres anciens combattants.
Pour en savoir plus : site de la mission du Centenaire de la Grande Guerre : http://centenaire.org/fr/espace-scientifique/societe/limage-des-prisonniers-de-guerre-de-la-grande-guerre-en-france.
Prisonniers de guerre allemands
Le cas des prisonniers allemands retenus en France jusqu’au début de 1920 est l’objet d’une propagande allemande et française intensive qui a pour conséquence d’isoler la France vis-à-vis de ses partenaires internationaux. En effet, la France garde environ 400 000 soldats allemands en otage, comme garantie, jusqu’à la signature du traité de Versailles (1919), puis en attendant le paiement de réparation et l’envoi de travailleurs. Ils sont utilisés comme main d’œuvre peu couteuse pour reconstruire les zones dévastées par la guerre et effectuer des tâches ingrates et dangereuses. Ces prisonniers garderont un profond ressentiment contre la France.
Ajouter un commentaire