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25 - 09 - 2017

Animaux & guerres, épisode 12 : Le rat

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Le Miroir, 26 Décembre 1915 : « Dans les villages démolis et jusque dans les tranchées, les rats surnommés les gaspards pullulent. Beaucoup atteignent une forte taille. Pour s’en débarrasser, un commandant, dont l’exemple devrait être suivi, a eu l’idée d’accorder à ses hommes une prime de cinq sous par vingt rats tués. Pour éviter les supercheries, les chasseurs doivent apporter au moins les queues des rats morts. En quelques jours, 2.000 rongeurs ont été massacrés. ». Les services sanitaires de chacune des armées tentent des empoisonnements à grande échelle, introduisent des chiens ratiers comme sur la photographie ci-dessus, mais rien n’y fait, les rongeurs attaquent les magasins de provisions, les cuirs des ceintures et des chaussures. © Paris, musée de l’Armée

Robert Goffin témoigne de la terreur des poilus enterrés dans les tranchées insalubres, humides, charpentées de cadavres puants avec ces rongeurs excités par l’odeur des morts. « Ce fut très vite une invasion débordante, il y avait dans chaque repli dix fois plus de rats que d’hommes et chaque jour en amenait davantage… Imaginez cette chose, des centaines de milliers et des millions de rats se hâtant de partout vers les tranchées nourricières… En quelques mois, la situation est devenue tellement grave que les Français ont deux ennemis, les Allemands et les rats, et ces derniers trouvent le no man’s land, voyageant de tranchées en tranchées, se délectant alternativement de tous les produits digestibles des deux nations… Des millions et des millions de rats établis, logés, nourris splendidement paraissent les vrais occupants des tranchées… Dès que la nuit tombe, le peuple des rats se met à l’œuvre… » © Paris, musée de l’Armée

Après une chasse aux rats dans une tranchée de 2e ligne, 1915. Le tableau dessin au crayon encre réalisé par Léon Durand. © Paris, musée de l’Armée, Dist. RMN-GP / image musée de l’Armée

Le rat

Rats à l’assaut

Le premier témoignage connu, relatif aux rats et aux souris dans un contexte guerrier remonte à environ 700 ans avant notre ère. Hérodote (480 – vers 425 av. J.-C.) rapporte que le roi d’Égypte Séthos, en péril devant l’invasion des troupes de Sennechérib, le roi d’Assyrie, prend position devant la ville de Pelase. Pendant la nuit, il fait lâcher dix mille rats et mille souris qui se répandent dans la vallée où campent les Perses. Ils rongent les harnachements, les courroies des boucliers, les cordes des arcs et des engins névrobalistiques. Les Perses lèvent  alors le siège sans combattre.

Les rats sont craints car ils sont susceptibles de transmettre à l’homme des maladies graves. La plus redoutée est la peste, mais en réalité ce sont les piqûres des puces qu’ils transportent dans leur fourrure, qui peuvent infecter l’homme de cette maladie.

Dans les conflits contemporains, les matières incendiaires sont parfois remplacées par une mine magnétique fixée sur l’animal. La Suède a ainsi utilisé des phoques contre les sous-marins allemands, et les Soviétiques ont envoyé des chiens pour détruire des chars allemands lors de la Seconde Guerre mondiale…

À l’assaut des rongeurs

L’embarquement de chats à bord des bateaux d’explorateurs, des navires de commerce et des flottes de guerre a commencé peu de temps après la domestication de cet animal, il y a environ 8000 ans. Sa tâche principale était d’exterminer les rongeurs qui s’attaquent aux cordages et autres matériaux composant le navire, ou qui dévoraient la nourriture et la contaminaient par leurs excréments, transmettant aux hommes des maladies redoutables comme la leptospirose. Le « chat de navire » devient très vite également une mascotte, un animal de compagnie qui distrait et apaise les tensions dans l’équipage. Il est longtemps considéré comme un membre d’équipage dont le nom figure dans le registre du bateau, avant que la marine britannique n’interdise sa présence à bord en 1975.

De nombreuses photographies de la Première Guerre mondiale montrent des félidés dans les tranchées. Les animaux quittent les villages bombardés à la recherche de nourriture qu’ils trouvent dans les tranchées envahies par les rongeurs. Les combattants s’attachent aux chats et autres animaux qui sollicitent des caresses ou de la nourriture. Comme sur les navires, ils deviennent les mascottes d’un groupe, bien que l’armée s’y oppose dans un premier temps… Ils sont aussi utilisés sur le front pour détecter les gaz toxiques.

Rat au menu

En Occident, le rat a parfois fait office de nourriture en situation de guerre et de famine. Lors du siège de Paris, en 1870-1871 le cuisinier Thomas Genin sert des terrines de rat avec une farce de chair et de graisse d’âne qu’il vend quinze francs. Selon lui, le rat est une viande fine et un peu fade, délicieuse lorsqu’elle est bien assaisonnée.  Après trois mois de siège, un rat coûte 3 francs, un chat 10 francs, un œuf 2 francs….

Rat espion

L’agilité des rats, leur intelligence, leur discrétion – ils communiquent par ultrasons – en font des adversaires redoutables qui circulent facilement dans une zone urbaine par exemple. D’après l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) le rat fait d’ailleurs partie des cent espèces les plus invasives. En 1975, un article paru dans le journal libanais Al W’Mahor affirme tenir de différentes sources britanniques une information selon laquelle les Israéliens font parvenir dans les importantes villes des pays arabes de la région, des rats en mission d’espionnage, auxquels on a implanté de minuscules émetteurs dans le cerveau.

Rat démineur

En Afrique, notamment au Mozambique, certaines espèces de rats sont utilisées pour détecter les mines antipersonnel. Leur curiosité, leur capacité à apprendre rapidement, leur faible poids, leur moindre coût aussi et surtout leur odorat exceptionnel – plus puissant encore que celui d’un chien – en font des détecteurs infaillibles selon les témoignages de leurs divers utilisateurs.

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Rat piégé de la Seconde Guerre mondiale. Dans le cadre des opérations clandestines, le SOE (Special Operations Executive) met au point du matériel de destruction comme ce rat bourré d’explosif. Dans le Descriptive Catalogue of Special Devices and supplies publié par le War Office un dessin et un texte expliquent comment le fabriquer et l’utiliser © Paris, musée de l’Armée, Dist. RMN-GP / image musée de l’Armée

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