Collier de chien réalisé vers 1772, portant gravé le nom de l’officier propriétaire de l’animal ainsi que celui du régiment. La qualité d’exécution de l’objet montre combien cet officier tenait à son animal. © Paris, musée de l’Armée, Dist. RMN-GP / Pascal Segrette
Chien pleurant un soldat de la Grande Armée, anonyme. Vu la race, il pourrait s’agir du célèbre Moustâche (v. 1799-1810). En son honneur, une plaque commémorative a été installée, le 11 mars 2006, au cimetière des chiens d’Asnières-sur-Seine par les Amis du Patrimoine Napoléonien. © Paris, musée de l’Armée
Carte postale humoristique. Un chien sanitaire accompagné d’un blessé français urine sur le casque à pointe d’un soldat allemand. De nombreuses cartes postales de ce type ont été imprimées pendant la Première Guerre mondiale © Paris, musée de l’Armée
La violence. Au dortoir, block 27. Décembre 1943 Ravensbrück, dessin de Jeanne Letourneau (1895-1979). © Paris, musée de l’Armée, Dist. RMN-GP / Marie Bour
Brassard de maitre de chien du Quartier général du secteur français de Berlin, 2e moitié du XXe siècle. Paris, musée de l’Armée, Dist. RMN-GP / Pascal Segrette
Le chien
Fidèle au poste
Le chien est un acteur important du monde militaire. Son obéissance, son odorat particulièrement développé, l’agressivité potentielle de certaines races en font un allié très précieux pour le soldat. Bien que son utilité fasse l’unanimité, il a été employé de façons très variables suivant les époques et les armées.
À l’attaque !
Il existe de nombreuses phalanges canines pendant l’Antiquité au Moyen Orient. Des molosses, notamment des dogues du Tibet, sont dressés par les Assyriens et les Perses et sont lancés sur l’ennemi. En Occident, malgré l’existence de hordes chez les Gaulois et les Germains, les chiens sont principalement dévolus à la garde des places fortes.
Crocs dehors
Au Moyen Âge et pendant la Renaissance, si les chiens ne combattent pas ou peu en Europe, ils sont en revanche abondamment utilisés pour contraindre les populations locales durant les guerres de conquêtes en Asie et en Amérique. Ils servent aussi à pourchasser les esclaves qui s’enfuient des plantations.
Cynophilie
Sous Louis XIV, bien qu’il existe en France un réel intérêt pour la cynophilie, le chien est avant tout un animal de prestige, d’agrément ou de chasse. Au XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, l’armée française ne possède pas de véritables meutes militaires mais de nombreuses brigades possèdent un chien mascotte. Les témoignages et les représentations de chiens accompagnant le quotidien des soldats abondent. On peut notamment citer un certain Moustâche, un barbet qui a participé à la majorité des campagnes du Directoire et du Premier Empire. Pendant les guerres de colonisation en Afrique du Nord, les chiens sont à la fois utilisés par les colonisateurs et par les populations locales.
Multitâche
Durant la seconde moitié du XIXe siècle, la cynophilie se développe dans toute l’Europe. Après la guerre de 1870, les Allemands se lancent dans le dressage systématique de chiens de guerre. En raison de la prédominance des armes à feu sur le champ de bataille, les unités canines n’attaquent pas l’ennemi. Leurs missions se diversifient : sentinelles, porteurs, patrouilleurs et estafettes chargées de la transmission des messages. Il existe également des unités sanitaires qui sont chargées de retrouver les blessés et de leur porter secours.
Unités canines
Alors qu’au début de la Première Guerre mondiale, l’Allemagne dispose de plus de 5 000 chiens dressés, la France accuse du retard. Le ministère de la Guerre ne croit pas au potentiel des unités canines mais se décide tout de même tardivement, en 1917, à créer des centres de dressage. Ces derniers donnent progressivement de bons résultats malgré une organisation un peu erratique.
En 1918, ces faits encourageants n’empêchent pas la démobilisation et la fin du dressage des chiens français. En Allemagne, au contraire, est créé en 1938 le plus grand centre cynophile d’Europe à Kummersdorf. Des centaines de milliers de chiens de guerre y sont dressés, dont une partie servira de chiens de garde dans les camps de concentration.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la plupart des armées sont pourvues de chiens de combat. Les unités canines américaines se distinguent par leur férocité lors des attaques commando. Les Russes munissent leurs animaux de mines et les envoient vers les lignes ennemies pour y faire exploser les chars allemands tandis que les Japonais emploient des chiens pendant l’invasion de la Chine. À la fin du conflit, la France récupère 600 chiens allemands. Ils constitueront la base des unités canines employées pendant les guerres de décolonisation.
Toujours en service
Les chiens militaires existent encore aujourd’hui. Commandos, pisteurs ou démineurs, ils possèdent comme tout soldat un paquetage et un matricule. Ils sont susceptibles d’être envoyés sur tous les terrains d’intervention.
Pour en savoir plus : Les animaux-soldats. Histoire militaire des animaux des origines à nos jours par Martin Monestier, le Cherche Midi éditeur, 1996.
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