Le Ver Luisant. Gazette poilue éditée sur le front, n°10, juillet 1916. © Paris, musée de l’Armée
Soldat du 117e régiment d’infanterie avec son chien peint par Georges Bertin Scott (1873-1942). Ce fantassin a peut-être un « coup de cafard », heureusement son compagnon à quatre pattes est attentif et prêt à lui apporter son réconfort © Paris, musée de l’Armée, dist. RMN-GP / Christian Moutarde
Le cafard
Un nuisible dans la ménagerie du poilu
Véritable fléau pour les réserves de nourriture, le cafard – aussi dénommé blatte ou cancrelat – omnivore, s’attaque aux denrées alimentaires ainsi qu’aux détritus laissés par les soldats. Si seulement 1 % des espèces connues peuvent être porteur d’agents infectieux pour l’homme, leur présence vient troubler les moments de repos des soldats. Lors de la Première Guerre mondiale, une faune, abondante et diverse est attirée dans les tranchées par des conditions d’hygiène précaires, rendant la vie quotidienne des combattants difficile. Poux, rats, vermine et cafards se partagent avec les soldats des lieux très confinés et boueux, ainsi que les réserves de nourriture, particulièrement en première ligne.
« L’Anti-cafard » des tranchées
Dans son acception argotique, le terme cafard est aussi utilisé pour désigner le désarroi, la tristesse, la nostalgie, voire les états dépressifs, signification largement popularisée pendant le premier conflit mondial. Loin des leurs, devant faire face à des conditions de vie et des combats difficiles, la plupart des soldats éprouvent un sentiment de découragement à un moment ou à un autre. Cependant, les combattants ne peuvent en faire état dans les courriers qu’ils adressent à leur famille, sous peine d’être victimes de la censure, car il s’agit de ne pas miner le moral des civils de l’arrière. Pour combattre cet état d’esprit, ils trouvent un véritable exutoire dans les publications qu’ils produisent : les journaux de tranchées dont certains utilisent l’image du cafard dans leur titre comme L’Anti-Cafard, Le Cafard enchaîné ou encore Le Cafard muselé. Dans ces textes, ils abordent avec humour ces sentiments partagés par tous leurs camarades. « Mais par contre, il faut nous garder soigneusement du cafard, cette maladie spéciale aux occupants des tranchées, et éminemment contagieuse. Pour lutter contre cette affection, il n’y a qu’un remède le rire, le rire qui dilate la rate, secoue le ventre, remue les tripes et fiche la neurasthénie en déroute », est-il écrit dans le n°1 du journal Il est interdit de bousculer les Bégonias. Organe de défense contre la neurasthénie, le cafard, les humeurs noires dans les tranchées. C.D. 44.
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