Cette carte illustre la situation politique en 1914-1915 du point de vue de la Russie. Les différentes nations y sont représentées par des stéréotypes ou des symboles nationaux. Le tsar Nicolas II occupe une place prépondérante. Dans son empire plusieurs ours et oursons sont représentés ainsi que deux autres espèces d’animaux. Une allégorie féminine tenant le drapeau orné de l’aigle bicéphale semble encourager le tsar en se penchant vers lui, une main posée sur son épaule. Le tsar pique avec assurance la croupe du taureau allemand qui charge la France, figurée par Marianne et un coq vindicatif.
Mousquet à mèche fabriqué vers 1590-1600. L’arme, utilisée à la chasse comme à la guerre, est un objet de valeur et un symbole de puissance pour celui qui la possède. Des ours en ivoire, debout et armés comme des hommes, décorent la crosse du mousquet. Comme dans les fables d’Ésope ou de La Fontaine, des animaux humanisés permettent d’évoquer les hommes. © Paris, musée de l’Armée, Dist. RMN-GP / Tony Querrec
L’ours
Le guerrier absolu
L’ours incarne pendant longtemps, chez les Celtes, les Germains, les Baltes, les Slaves, mais aussi chez les Lapons, les Japonais…, la figure du guerrier invincible et celle du roi. Il est le roi des animaux en Europe, l’animal totémique que les jeunes hommes doivent combattre et tuer lors des rites d’initiation pour accéder au monde des guerriers adultes. Le combattant utilise son nom, ses canines, ses griffes ou ses poils comme talismans pour se sentir protégé, pour s’approprier les forces de l’animal et/ou effrayer l’adversaire. Son image est aussi présente sur les enseignes, les armes et les armures.
Trop sauvage ?
Dans son livre, L’ours, histoire d’un roi déchu (La librairie du XXIe siècle Seuil, 2007), Michel Pastoureau rappelle qu’au IIe siècle de notre ère, Pausanias (v. 115-v. 180) écrit dans sa description de la Grèce, Graeciae descriptio, qu’« autrefois » les hommes d’Arcadie – en grec ancien arktos signifie « ours » –, en guerre contre Sparte revêtaient des peaux d’ours pour partir au combat. Michel Pastoureau évoque également saint Boniface qui en 742, alors qu’il est en mission en Saxe, mentionne à Daniel, l’évêque de Winchester, le « rituel des païens » de se déguiser en ours et de boire du sang de cet animal avant de partir au combat. L’Église chrétienne combat longuement et violemment cette fascination des païens pour l’ours et finit par faire de ce dernier une créature représentant six des sept péchés capitaux quand il n’est pas un animal de foire que l’on montre enchaîné.
Décoration de l’ordre de Lacplesis ou du Tueur d’ours remise au maréchal Foch. Cet ordre de guerre de Lettonie est créé en 1919, par Janis Balodis alors commandant en chef de l’armée lettone. L’ordre doit son nom à un poème épique, écrit entre 1872 et 1887 qui relate l’histoire d’un héros médiéval, Lacplesis – le déchireur d’ours en letton – qui aurait défendu la Lettonie contre les envahisseurs allemands. La médaille ci-dessus représente ce héros réputé pour avoir tué un ours à mains nues. © Paris, musée de l’Armée
Caricature des Russes
Au XVIIe siècle alors que l’Empire russe cherche à s’étendre, les Britanniques se moquent de cette soif de conquête en caricaturant ce pays incarné par un ours. Ils opposent ainsi à leur propre emblème, le noble lion ou léopard, l’ours barbare et fainéant qui hiberne des mois durant puis se réveille de manière inattendue et violente.
Dans les années 1950, le Soviétique Andreï Tupolev met au point un bombardier lourd, le Tu-95. Cet avion de reconnaissance – le plus bruyant du monde – est utilisé pour patrouiller pendant la Guerre froide. Selon la codification de l’OTAN, cet avion gigantesque – il mesure 46 m de long et 50 m d’envergure – est dénommé « Bear » (B pour bombardier) ou « l’Ours ». Il est toujours en service dans l’armée russe de nos jours.
Les « codes OTAN » sont un système de désignation employé par l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord pour nommer et répertorier les matériels militaires originaires des pays de l’ancien pacte de Varsovie.
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