Dans le n°18 du journal de tranchée Ver luisant, paru en 1917, une rubrique humoristique raconte la guerre vue par un pou. Il figure ci-dessus sur le crâne d’un homme, rédigeant ses Mémoires d’un pou. Voyages autour du front. © Paris, musée de l’Armée
En octobre 1914, l’artiste Mathurin Méheut (1882-1958) est incorporé au 136e régiment d’infanterie d’Arras. Puis de 1916 à 1917, il est détaché au service topographique et cartographique à Sainte-Menehould puis à Bergues. La chasse aux Totos est l’un de ses Croquis de guerre témoignant de la vie dans les tranchées. © Paris, musée de l’Armée
Carte postale humoristique intitulée Chasse aux puces. © Paris, musée de l’Armée, Dist. RMN-GP / Pascal Segrette
Des insectes
Jusque dans la tombe
Des cadavres de poux de corps ont été découverts près des squelettes de soldats de l’armée napoléonienne lors de fouilles archéologiques conduites à Vilnius entre 2001 et 2003. Les poux de corps se nourrissent des fibres textiles des vêtements et y pondent leurs œufs pour se reproduire. Les poux peuvent être porteurs du typhus, cause du décès de nombreux combattants ou de civils qui accompagnaient les troupes à cette époque.
La chasse aux totos
Pendant la Première Guerre mondiale, le manque d’hygiène des soldats, dû à la vie dans les tranchées entraine le pullulement des parasites comme les poux et les puces mais aussi de rats. Les soldats en parlent souvent et tentent de dédramatiser la situation par l’humour, ils surnomment les parasites « les totos ». Le terme est utilisé dans certaines localités ou milieux avant la Première Guerre mondiale, mais son emploi se généralise très largement avec le conflit. Il fait peut-être référence au monde de l’enfance et au personnage que plusieurs auteurs et dessinateurs évoquent comme un mauvais garnement, un cancre impertinent qui fait des farces. La chasse aux totos est un thème récurrent sur les cartes postales de la Grande Guerre. Pour les Français, le Toto est assimilé aux Boches, terme familier pour désigner les Allemands, « on le chasse et on l’écrase… ». Les mesures préventives se développent, on trouve bientôt dans le paquetage du soldat des boîtes de beurre de pyrèthre, un répulsif contre les insectes.
Les rendre utiles
L’évolution des technologies permet par la suite d’envisager une utilisation des parasites dans un contexte militaire. Des recherches ont ainsi été menées, par exemple par le laboratoire américain Limited Warfare Laboratory, pour utiliser les poux, les puces, les tiques, les punaises, les moustiques, afin de détecter des intrus dans une zone. Dans le livre The War Animals paru en 1977, le scientifique Robert E. Lubow relate une série d’expérimentations peu concluantes : le pou est jugé trop paresseux et peu doué, la puce impropre car animée d’une insatiable appétence, la tique inutilisable car elle se déplace trop silencieusement et la punaise trop sujette à délivrer de « fausses alertes ». Il reste le moustique qui repère sa proie, s’excite, vole vers elle et lui perce la peau avec sa trompe pour se nourrir […]. Aujourd’hui, le développement des nanotechnologies oriente les recherches par exemple sur des robots-moustiques, dotés des même capacités de déplacement que l’insecte et à même de s’approcher discrètement de sa cible.
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