UN DOUBLE TROPHÉE
« Déposer les armes », « rendre son épée »… autant d’expressions qui évoquent les défaites ou les redditions militaires. L’épée de François 1er, prise dans la tente du souverain par Juan d’Aldava, colonel des troupes italiennes au service de Charles Quint, est un des trophées conquis sur le roi de France après la bataille de Pavie le 24 février 1525. Conservée à Madrid jusqu’en 1808, cette épée d’apparat fut alors rapportée d’Espagne par ordre de Napoléon qui, conscient ou non d’avoir « vengé » la défaite du roi François, était très attaché à cette arme qu’ il conserva auprès de lui dans son cabinet aux Tuileries où elle resta jusqu’en 1815.
UNE ARME ET UN EMBLEME
Un trophée est un objet pris à l’ennemi, conservé en témoignage et en mémoire d’une victoire. Sa valeur symbolique est d’autant plus grande qu’il illustre la puissance, le rang ou l’identité de l’adversaire vaincu. Les canons et les drapeaux ont ainsi longtemps constitué des prises de choix ; lors de la Seconde Guerre mondiale, les dagues et pistolets Luger allemands étaient les trophées les plus recherchés des soldats alliés.
Peu d’objets pouvaient exprimer avec autant d’éclat la défaite de
François 1er qu’une épée prise au « roi-chevalier ». La salamandre des Orléans/Angoulême, qui en orne la garde, ne laisse aucun doute sur son origine. Le verset tiré du Magnificat « +FECIT +POTENTIAM+ / +IN BRACHIO+SUO+ » (à son bras elle donnera la puissance) prend un sens nouveau, car ce symbole de puissance a changé de main. L’absence de couronne royale au-dessus de la Salamandre indique que cette arme a été réalisée pour François d’Angoulême avant son accession au trône de France, et l’a accompagné une partie de son règne avant sa capture à Pavie. Il s’agit donc d’un objet « intime » du souverain, ce qui renforce encore sa valeur de trophée.
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