INUTILE MAIS INDISPENSABLE
Dès 1914, les manufactures françaises peinent à fournir aux combattants des armes à feu mais aussi des sabres de cavalerie et d’officiers en quantité suffisante. Bien que ces derniers soient inefficaces en combat à pied, inutiles dans une tranchée et puissent désigner leur porteur comme cible prioritaire des tireurs ennemis, il est hors de question de ne pas en doter officiers et cavaliers. La cavalerie perdant de l’importance, la majorité des sabres modèle 1915 produits – 11 926 – sont détruits après-guerre sans même avoir été distribués.
(à gauche : le traître, dégradation d’Alfred Dreyfus, supplément illustré du Petit Journal)
LE STATUT D’HOMME ARMÉ
Une arme n’est pas qu’un outil de combat prêt à être utilisé; elle marque aussi l’appartenance de son porteur à une catégorie sociale ou à une institution, indique son grade ou sa spécialité. De la même manière que le vêtement ou l’uniforme, l’arme obéit ainsi à un langage codé aux multiples nuances. C’est ainsi que l’armée française adopte dès 1690 une épée pour ses fusiliers, trop fragile pour le combat, mais qui distingue son porteur. Le choix des formes est souvent une question de mode et de référence culturelle autant que d’usage et sous le Premier Empire la cavalerie légère s’enorgueillit de ses sabres « à l’orientale » aux lames très courbes, tandis que l’infanterie porte le célèbre et inutile « sabre briquet ». Quand bien même un militaire n’aurait pas vocation à combattre avec son arme individuelle, il est inconcevable de ne pas l’en doter et si certaines, comme le sabre, ne sont plus employées au combat de nos jours, elles sont encore présentes dans les tenues de cérémonie, les prises d’armes et l’uniforme des troupes aux fonctions protocolaires.
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