L’UNION DU FER ET DU FEU
A partir du XVIe siècle, le fantassin est doté de la pique pour le choc, et du mousquet, important par son feu mais inutile au corps à corps. A la fin du XVIIe siècle, ce couple est remplacé par le fusil, plus fiable, doté d’une lame amovible, la baïonnette, dont les premiers modèles bouchent le canon, gênant le tir. Ce problème est résolu par la baïonnette à douille qui enserre le canon sans le boucher; le fusilier peut alors combattre au corps à corps et garder sa capacité à faire feu ou à recharger. En France, le mousquet est abandonné en 1699 et la pique en 1703.
L’IMAGE DU FANTASSIN
Avec le fusil muni de sa baïonnette à douille, le fusilier remplace le piquier, augmentant la puissance de feu de la troupe. Dès lors, le fusil et la baïonnette symbolisent le soldat d’infanterie, et le XVIIIe siècle voit s’affronter les tenants de la prédominance du feu et ceux d’une tactique où l’assaut à la baïonnette doit remporter la décision. Ainsi, le général Souvorov (1730-1800) affirmait que « si la balle est folle, la baïonnette est sage ». Il résume la
confiance de nombreux chefs militaires dans la charge à la baïonnette, dont l’impact moral permet de bousculer l’ennemi et symbolise l’ardeur militaire nationale. En France, celle du fusil Lebel de 1886, surnommée « Rosalie », fait l’objet d’une chanson populaire ; la Première Guerre mondiale et ses charges à la baïonnette, vouées à l’échec face aux mitrailleuses, sonnent le glas de ces conceptions. Aujourd’hui encore, le soldat est identifié à la baïonnette, notamment par le principe juridique dit de la « baïonnette intelligente » qui, dans le code pénal français, affirme le devoir de désobéissance d’un soldat, ou plus généralement d’un fonctionnaire, à un ordre illégal.
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