LA POUDRE SANS FUMEE
La « poudre noire » employée depuis le Moyen-Âge ne permet plus, dans les années 1880, d’exploiter les progrès des mécaniques et de la balistique car ses résidus encrassent fortement les mécanismes et les canons. L’invention en 1884, par le chimiste français Paul Vieille, de la poudre « B », révolutionnaire car « sans fumée » et sans résidus, inaugure les munitions qui sont encore celles du XXIe siècle.
UNE REVOLUTION INCOMPRISE
La poudre « B » est employée dès 1886 dans le fusil Lebel, conçu et adopté sous l’impulsion du général Boulanger, ministre de la Guerre, qui veut en faire le « fusil de la Revanche » contre l’Allemagne à la suite de la défaite de 1871. Ses performances balistiques, ainsi que l’absence de fumée permettant de repérer le tireur en font une arme terrifiante pour l’époque ; dès les années suivantes les autres puissances – l’Allemagne en tête – se pressent de développer des armes employant une poudre et une munition similaires.
Dans le même temps, l’adoption par l’artillerie de ces nouvelles poudres n’a pas seulement pour effet l’accroissement de la portée de tir : l’épaisse fumée qui recouvre jusqu’alors le champ de bataille disparaît en grande partie. Les uniformes de couleur vive, jusque-là nécessaires pour se repérer dans cette fumée, deviennent des cibles aisées sur des champs de bataille où le regard de l’homme et le feu de ses armes portent plus loin ; il faut attendre les hécatombes des premiers combats de 1914, pour que les états-majors, notamment en France, comprennent cette véritable révolution et en tirent les conséquences en optant pour des uniformes moins voyants.
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