QUAND LA TACTIQUE L’EMPORTE SUR LA TECHNIQUE
Malgré sa complexité et son coût, l’arbalète est largement utilisée en France : entre le quart et la moitié des fantassins en sont équipés. Pourtant, ces arbalétriers n’ont, contrairement aux archers anglais, jamais joué un rôle tactique décisif. Capables de tirer dix à douze flèches par minute, avec un arc très puissant au maniement duquel ils se sont entraînés pendant des années, ces derniers, regroupés en masse, peuvent saturer le champ de bataille de projectiles, ce qui, à Crécy, Poitiers ou Azincourt, fut fatal à la chevalerie française.
LES ARTIFICES DU DIABLE
Maniées par des roturiers combattant à distance, les arbalètes, comme les premières armes à feu, ont été vouées à l’opprobre de leurs contemporains : les premières sont interdites par le deuxième concile de Latran en 1139 (sauf contre les « infidèles »), les secondes sont qualifiées par Blaise de Montluc « d’artifice du diable pour nous faire entre-tuer ». Les unes comme les autres n’ont pu jouer le rôle que leurs réelles performances leur autorisaient, l’aristocratie française ayant empêché la création de corps de piétons capables d’un vrai emploi tactique.
En Angleterre, au contraire, les paysans aisés, ou «yeomen » étaient encouragés au maniement de l’arc. Utilisé en masse, ce qui ne fut jamais le cas de l’arbalète, il ne fut détrôné que par l’artillerie légère, face à laquelle des groupes compacts d’archers étaient particulièrement vulnérables.
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