En écho aux commémorations du bicentenaire de la mort de l’Empereur, le Musée propose, pour la première fois de son histoire, un parcours d’art contemporain aux Invalides. 30 artistes nous livrent un regard actuel et varié sur la figure de Napoléon.
Pavel Pepperstein, Napoleon in Moscow, 2017 © Courtesy Pavel Pepperstein, Iragui gallery, Galerie Odile Ouizeman
Un regard contemporain
Pendant deux siècles, la figure de Napoléon a dominé l’histoire européenne, mais aussi la perception générale que les peuples pouvaient se faire de cette dernière, non seulement en France mais aussi dans le reste du monde. Génie pour les uns, ogre pour les autres, Napoléon, que l’on privilégie la personnalité du général Bonaparte ou celle de l’empereur Napoléon Ier, a été le sujet et l’objet de centaines de milliers d’images, d’œuvres d’art, de livres puis de films, souvent engagés, qui ont durablement marqué l’histoire de l’art et de la culture. Les transformations sociales et politiques ont peut-être amoindri sa place explicite dans la pensée contemporaine, mais celle-ci reste vive parce que, au-delà de tout jugement de valeur, il a façonné un monde dont nous sommes, consciemment ou non, positivement ou négativement, les héritiers.
Cette exposition sera l’occasion de comprendre et de voir ce que les artistes d’aujourd’hui peuvent faire de cet héritage et de cette personnalité en tout point exceptionnels, avec une distance sans doute plus grande que celle des générations précédentes, mais avec une acuité peut être redoublée – chaque génération produisant ses propres images de celui qui déclarait «l’imagination gouverne le monde » (Napoléon, Mémorial de Sainte-Hélène, Emmanuel de Las Cases, 8 janvier 1816). Des œuvres d’art du XXIe siècle, réalisées par des artistes issus de contextes et de pays très différents, seront ainsi montrées dans les salles napoléoniennes du musée de l’Armée, comme des intrus ou des partenaires parmi les objets et les images de la geste héroïque qui y est contée, ainsi que dans divers lieux de l’Hôtel national des Invalides, qui est, depuis 1840 et le retour en France des cendres de l’Empereur, le haut lieu de sa mémoire et d’un culte toujours vivant.
Le musée de l’Armée, commanditaire d’œuvres contemporaines
Assan Smati, Le Tibre, 2021© Adagp, Paris, 2021 / Anne-Sylvaine Marre-Noël
Certaines préexistent à cette exposition, d’autres ont fait l’objet de commandes spécifiques, sans prescription ni de sujet ni de point de vue. Deux grandes commandes ont été passées à Pascal Convert et à Ange Leccia : le premier interviendra dans le Dôme, en relation directe avec le tombeau de l’Empereur, en proposant une œuvre centrée sur le squelette de Marengo, cheval mythique saisi par les troupes anglaises à Waterloo ; le second proposera une installation filmique monumentale dans le Réfectoire Vauban, fondée sur des images rapportées de Sainte-Hélène.
Des prêts prestigieux
Yan Pei-Ming, L’Empereur Napoléon Ier se couronnant lui même, 2017
© Yan Pei-Ming / ADAGP, Paris, 2020 / Photo Todd-White Art Photography / Courtesy Massimo De Carlo, Milan/London/Hong Kong
Choisies dans le cadre d’un dialogue serré avec les artistes, les autres œuvres présenteront soit un rapport direct avec l’iconographie de Bonaparte (Laurent Grasso, Julian Schnabel, Georges Tony Stoll, Yan Pei-Ming…) et avec les événements napoléoniens (Fabrice Hyber, Kapwani Kiwanga, Yan Morvan, Pavel Pepperstein…), soit un rapport plus oblique à la figure napoléonienne et à son héritage (Adel Abdessemed, Marina Abramovic, Art & Language, Stéphane Calais, Hélène Delprat, Assan Smati…). Seront ainsi interrogés par les arts visuels quelques thèmes fondamentaux d’une histoire désormais nécessairement plurielle, comme le génie, l’exemplarité, la conquête, la virilité, l’insularité, la question raciale, l’identité nationale, etc.
Georges Tony Stoll, « Paris Abysse-296 », 2020 © Courtoisie de l’artiste et de la Galerie Poggi, Paris / Adagp, Paris 2021
Place aux jeunes
Ce parcours sera ponctué d’œuvres d’artistes de moins de 30 ans qui ont été invités à réaliser une œuvre spécifique grâce au parrainage des artistes confirmés invités dans l’exposition, dans le cadre d’un soutien à la jeune création, particulièrement touchée par les conséquences de la récente crise sanitaire mondiale. Ces commandes bénéficient du soutien du Fonds de dotation Emerige.
Des installations monumentales à partir du mois d’octobre
À partir d’octobre, l’exposition se poursuivra dans les salles d’exposition du Musée, et s’inscrira dans le prolongement de ces réflexions, plus spécifiquement sur la mort de Napoléon. D’une part, la première salle sera investie par une installation monumentale et immersive de l’artiste belge Hans Op de Beeck. Cette œuvre totale, intitulée Ashes to Ashes, figurera un paysage nocturne, invitant le spectateur à ressentir de façon mélancolique les notions de vide et de perte, mais aussi de beauté et de tranquillité consolante.
D’autre part, la seconde salle, scénographiée par le collectif d’artistes français La Méduse, proposera une installation vidéo monumentale retraçant de façon à la fois spectaculaire et par petites touches intimes la vie du grand homme. Des extraits de films où figure de façon charismatique Napoléon seront projetés sur un long tapis au sol. Divisé en plusieurs chapitres, le film fera découvrir, par un savant montage, les grandes étapes de sa vie, sans être totalement chronologique et surtout jamais totalement explicite. Il s’agit avant tout d’une réflexion sur le cinéma et l’histoire.
Kapwani Kiwanga, Nations, Constitution, 1801, 2020 © Adagp, Paris, 2021
Vous pourrez découvrir « Napoléon ? Encore ! » à partir du 19 mai et tout au long de l’année jusqu’au 13 février 2022.
Retrouvez l’intégralité de l’article dans l’Écho du Dôme, le magazine du musée de l’Armée.
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