Un enfant du pays
À la suite du décès de Rouget de Lisle, la Société d’émulation du Jura est la première, en 1836, à lancer une souscription pour ériger un monument en l’honneur de l’auteur de La Marseillaise. Le contexte n’est pas favorable puisque le gouvernement de la Monarchie de Juillet a interdit le chant et qu’il est le seul à pouvoir autoriser la réalisation d’un monument public.
Léopold Chambard (1811-1895), natif du Jura, élève d’Ingres (1780-1867) et de David d’Angers (1788-1856), premier grand prix de Rome, souhaite réaliser le monument en l’honneur de Rouget de Lisle. L’échec de la souscription et le contexte politique retardent la remise d’un projet pour le monument. En 1852, La Marseillaise est à nouveau interdite, cette fois par le Second Empire. En 1872 enfin, Chambard propose un nouveau projet de statue inspiré du tableau de Pils (1849), qui n’est pas accepté. D’autres projets n’aboutissent pas davantage. En 1879, La Marseillaise devient l’hymne national. Le 5 juillet 1879, le Conseil municipal de Lons-le-Saunier vote la réalisation d’un monument. Un comité pour l’érection d’une statue est créé en août 1879, il est placé sous la présidence de Victor Hugo (1802-1885) en juillet 1880. Comme pour le monument commémoratif de Choisy-le-Roi, une souscription nationale est organisée.
Un Alsacien
L’Alsacien Auguste Bartholdi (1834-1904) est pressenti pour réaliser la statue. Il écrit le 24 avril 1881 : « Monsieur le Maire, Je suis très sensible aux sentiments qui vous engagent à vous adresser à moi pour votre projet de statue. Je serais très charmé d’être choisi comme interprète de cette pensée si noble et si patriotique. » Il connaît le médaillon réalisé par David d’Angers en 1829, tout comme le tableau de Pils peint en 1849. Il présente en 1881 une première esquisse qui plaît beaucoup, il va donc poursuivre son projet sans trop varier jusqu’à la statue finale en bronze. Le coût de la statue s’élèverait à 25 000 francs.
Le piédestal
Sur le latéral gauche figure notamment une citation de Jules Michelet (1798-1874) : « Cela est divin et rare d’ajouter un chant éternel à la voix des Nations » – Histoire de la Révolution française, livre VI, chapitre IX, 1853.
Le latéral droit porte une citation de Victor Hugo : « La Marseillaise est liée à la Révolution et fait partie de notre délivrance » ; une citation de Jules Michelet : « La Marseillaise est un chant de fraternité » – Histoire de la Révolution française, livre VI, chapitre IX, 1853.
Sur la plinthe, à sa gauche : A. BARTHOLDI / SCit 1882 ; à sa droite : THIÉBAUT FRÈRES Fondeur – les ateliers de fondeurs qui travaillent régulièrement avec Bartholdi,
La statue en bronze est inaugurée le 27 août 1882, peu après celle de Choisy-le-Roi, mais Bartholdi a pris soin de diffuser une photographie de son œuvre tout au long de l’année 1882 et il expose un modèle en plâtre, à la taille réelle de la statue de Lons-le-Saunier, à l’entrée du Palais de l’Industrie à Paris, à partir du 14 juillet 1882.
Rouget de Lille chante
Le bras droit est levé. Bartholdi reprend le geste de Pils
(1849) et montre un Rouget enthousiaste
Le drapeau enveloppe les jambes du personnage mettant ainsi
l’accent sur le mouvement du corps.
La position de la jambe gauche, pointe de pied tendue, équilibre
le mouvement ample du bras droit
Rouget est vêtu d’un uniforme de capitaine du génie
Pour en savoir plus : visiter les musées de Lons-le-Saunier et le musée Bartholdi à Colmar ; lire Rouget de Lisle 1915-2015. Hommages & témoignages, 2015, Jura & patrimoine.
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