De gauche à droite : carte postale réalisée à partir d’un dessin de Georges Scott
© Paris, musée de l’Armée, dist. RMN-GP
Photographies positive gélatino-argentique sur papier. Don de Melle Dreyfus en 1952
© Paris, musée de l’Armée, dist. RMN-GP
Une « incarnation vivante de La Marseillaise »
En 1905, Louise-Anthelmine Chenal, dite Marthe Chenal (1881-1947) obtient les 1er prix de chant et d’opéra du conservatoire national de musique de Paris. Elle est engagée l’année suivante à l’Opéra de Paris, puis en 1908, à l’Opéra-Comique.
En août 1914, elle s’engage comme infirmière. Le 20 août 1914, elle interprète La Marseillaise pour la première fois lors d’un concert au profit des réservistes et des victimes de guerre. Elle se produit à l’arrière mais aussi sur le front, notamment sur la scène du « Théâtre du front » où elle remporte un vif succès auprès des poilus. Le gouvernement lui demande de participer à des missions de propagande en Italie.
Déclamer ou chanter La Marseillaise lors d’un spectacle n’est pas nouveau, de nombreuses célébrités l’ont déjà fait : l’actrice Rachel (1821-1858) à partir de 1848, la soprano Marie Sass (1834-1907) sous le Second Empire, l’actrice Agar (1832-1891) à partir des années 1870. À chaque fois, elles tenaient fermement le drapeau français par sa hampe.
Le dimanche 6 décembre 1914, lors de la réouverture des théâtres parisiens, La Marseillaise est à l’honneur. À la Comédie-Française, après avoir joué Horace, l’acteur Jean Mounet-Sully (1841-1916) déclame La Marseillaise, comme aux fêtes officielles du 14 juillet. À l’Opéra-Comique, en fin de spectacle également, Marthe Chenal « chanta l’hymne national de sa voix si prenante et vibrante et, étendant ses bras, déploya un drapeau au centre duquel elle apparut comme la vivante victoire » – L’Illustration du 12 décembre 1914.
Le dessin de la carte postale ci-dessus à gauche a été réalisé en 1914 par Georges Scott (1873-1943). Également publié dans le journal L’Illustration du 12 décembre 1914, il s’inspire largement d’une photographie de la cantatrice, ci-dessus à droite. Scott y ajoute la couleur, des soldats de la Révolution à l’arrière-plan et deux bouquets de fleurs. Cette image connaîtra une grande diffusion et d’autres chanteuses s’en inspireront.
Sur la photographie en haut au centre, Marthe Chenal est coiffée d’une couronne de lauriers, symbole de la victoire. Le maquillage de ses yeux et sa bouche ouverte évoquent La Marseillaise sculptée par François Rude sur l’arc de triomphe de l’Étoile
La série de photographies est signée Henri Manuel (1847-1947), photographe français qui a réalisé, de la Première Guerre mondiale jusqu’en 1944, des reportages en tant que photographe officiel du gouvernement. Il reçoit dans son studio, situé dans le 7e arrondissement, des personnalités des mondes politique et artistique, dont il réalise le portrait.
Le soir du 11 novembre 1918, depuis le balcon de l’Opéra de Paris, la soprano chante à nouveau La Marseillaise devant une foule immense, en présence de Georges Clemenceau.
Le glaive est brandi
Le drapeau français déployé autour de Marthe Chenal rappelle les ailes de la Victoire
Une cocarde tricolore sur sa coiffe
La coiffe alsacienne est composée d’un bonnet et d’un long ruban renforcé par une armature en fil de fer et noué sur le haut du front
En bas, dédicace d’Henri Manuel qui fait allusion à un don au musée de La Marseillaise, créé par G. Küss
Écoutez la voix de Marthe Chenal sur Gallica, enregistrée en décembre 1915 chez Pathé. Elle chante La Marseillaise et Le Chant du départ.
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