Translation des cendres
Les translations diffèrent des obsèques, mais s’en rapprochent par certains aspects. Lors d’une translation, le corps du défunt, qui a été inhumé auparavant dans un autre lieu, est exhumé, puis les restes du corps, également appelés cendres, sont transférés dans un autre lieu. Il s’agit, comme pour les obsèques, d’honorer le défunt, mais cette cérémonie, programmée plus longtemps à l’avance, peut être plus aisément revêtue d’une signification symbolique et politique. Ce type de cérémonies apparaît sous le Consulat, notamment lors du transfert de la dépouille et du tombeau de Turenne (1611-1675) aux Invalides en 1800. Sous le Premier Empire, Napoléon fait procéder au transfert du cœur de Vauban (1633-1707) sous le Dôme. Puis, en 1840, Louis-Philippe Ier fait de même avec les cendres de Napoléon. Lors de ces translations, les pensionnaires de l’Hôtel ont toujours un rôle de gardiens d’honneur. La translation de la dépouille de Rouget de Lisle, en 1915, se déroule sans cérémonie religieuse, mais avec un déploiement militaire important. Il s’agit d’en exalter l’aspect patriotique et symbolique et le discours du président de la République y contribue.
Dans la cour d’honneur
La foule et les photographes se pressent dans la cour d’honneur. Des avions, des canons, et des fragments de zeppelin pris aux adversaires occupent une partie de la cour.
Après le discours, Poincaré et les présidents des Chambres quittent l’Hôtel des Invalides. Le cercueil de Rouget de Lisle est alors placé sous un catafalque devant le perron de l’église. Des civils comme des militaires défilent devant le cercueil jusqu’à la fin de l’après-midi.
Sur la photographie ci-contre, le préfet de police, Émile Marie Laurent (1852-1930), a ôté son haut-de-forme, sans doute soulagé que la cérémonie se soit déroulée sans incident. Un jeune garçon vêtu d’une marinière à la mode observe l’un des photographes.
Des médailles reproduisant le portrait de Rouget de Lisle par David d’Angers sont vendues au profit des blessés.
Le caveau des gouverneurs
À 17h00, les grilles de l’Hôtel des Invalides se referment. Le cercueil est descendu dans le caveau des gouverneurs sous l’autel de l’église des soldats. Il est placé dans l’une des niches vides du columbarium. La niche est fermée par une plaque anonyme. Dans les années 1960, l’association Le Jura français obtient d’André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles, l’autorisation de la remplacer par une dalle gravée sur laquelle sont mentionnés ses prénoms et nom ainsi que ses dates de naissance et de décès.
Pour en savoir plus « La translation de Rouget de Lisle aux Invalides (14 juillet 1915) » par Céline Gautier in 14-18 le magazine de la Grande Guerre, 2001, n°54 ; Rouget de Lisle 1915-2015. Hommages & témoignages, 2015, Jura & patrimoine ; Les cérémonies dans la cour d’honneur des Invalides des origines à nos jours (1674-1992), mémoire de maîtrise d’histoire présentée par Laurent Chabot sous la direction de Jean-Pierre Bois ; université de Nantes, gouvernement militaire de Paris.
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