Trois affiches d’emprunt, à gauche 1918, puis 1917 et 1916
© Paris, musée de l’Armée, dist. RMN-GP
Emprunts
Dès le début de la Première Guerre mondiale, des crédits exceptionnels sont votés pour fournir l’argent nécessaire à un conflit de l’ère industrielle. Mais très vite les capitaux manquent. Alors, comme la plupart des belligérants, l’État doit effectuer des emprunts auprès de sa population. Le premier emprunt français est émis en novembre 1915, le second en octobre 1916, le troisième en octobre 1917 et le dernier en octobre 1918. Les emprunts permettent également d’entretenir la conviction que l’ensemble de la société est, et doit rester, mobilisé. L’État fait surtout appel aux banques pour organiser ces emprunts et collecter les fonds. Pour annoncer les emprunts de guerre, elles impriment des affiches illustrées qui sollicitent le sens patriotique de la population.
À l’appel de Rouget de l’Isle…
La Société Marseillaise de Crédit Industriel et Commercial et de Dépôts (SMC) est une banque créée en octobre 1865, sous Napoléon III. À partir de 1871, le siège de la banque se situe au 75 rue Paradis, à Paris.
L’affiche ci-dessus est imprimée en 1918. Jules Charles-Roux (1841-1918), né à Marseille, alors président de la banque, a peut-être orienté le choix de l’illustration.
L’affiche est signée par Jacques Carlu (1890-1976), architecte français qui s’inspire de la représentation de Rouget de Lisle peinte par Isidore Pils en 1849. La main droite de Rouget de Lisle désigne la Société Marseillaise. Il harangue des soldats français coiffés du casque Adrian. Le premier, tête nue, répond à son geste en brandissant son fusil. L’auteur de La Marseillaise et les deux premiers soldats, bouches ouvertes, semblent clamer l’hymne français. Un drapeau tricolore flotte parmi les combattants.
Pendant la Première Guerre mondiale, une seule affiche d’emprunts fait appel à l’image de Rouget de Lisle, mais pas moins de cinq affiches reprennent La Marseillaise du sculpteur François Rude et quatre autres montrent l’allégorie de la Patrie, de la République, de la France ou de la Liberté.
Trois slogans scandent l’affiche : À l’appel de Rouget de l’Isle ; Souscrivez à l’emprunt de la Libération ; une citation de Georges Clemenceau (1841-1929), alors président du Conseil : « Allons donc enfants de la patrie, allez achever de libérer les peuples des dernières fureurs de la force immonde » (G. Clemenceau).
Affiche pour l’emprunt d’octobre 1916
Les batailles meurtrières de Verdun et de la Somme font rage. Le deuxième emprunt national incite les civils de l’arrière à se mobiliser pour afficher leur soutien aux combattants.
Le Génie de la Guerre situé sur l’arc de triomphe de l’Étoile
La France ou la Patrie casquée et drapée dans le drapeau tricolore tend ses mains pour accueillir les personnes venues participer à l’emprunt. Ses paumes ouvertes évoquent le geste d’une madone
Éros, le dieu de l’amour, coiffé d’un casque Adrian, est prêt à sortir son glaive pour protéger la France et l’argent de l’emprunt
Les différentes personnes rappellent le départ, en 1792, des volontaires français pour la défense de la patrie « en danger » – haut-relief sculpté par Rude
Un vieux paysan en blouse bleue tend plusieurs billets à la Patrie
Une petite fille tient ou secoue sa tirelire, elle va sans doute la briser pour participer à l’emprunt
Une ouvrière cherche de l’argent dans sa pochette, derrière elle, des citadins tendent leur argent vers la Patrie
Signature : Alcide Robaudy (1850-1928)
© Paris, musée de l’Armée, dist. RMN-GP
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