Février 1848, une nouvelle révolution
La Monarchie de Juillet ne parvient pas à apaiser la colère du peuple de Paris qui se soulève, du 22 au 25 février 1848, contre la misère, l’inégalité, la dureté du travail. Le 24 février 1848, Louis-Philippe est contraint d’abdiquer en faveur de son petit-fils. Le même jour, la Seconde République est proclamée par Alphonse de Lamartine, entouré des révolutionnaires parisiens. La Marseillaise est alors sur de nombreuses lèvres et redevient en France le chant de ralliement. Le 10 décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte (1808-1873) est élu président de la République.
Au Salon de 1849, deux œuvres représentent la naissance de La Marseillaise, celle du peintre belge Godefroid Égide Guffens (1823-1901), aujourd’hui disparue, et celle d’Isidore Pils (1813-1875). L’œuvre de Pils, reproduite ci-dessus, est alors peu commentée par les journalistes et les critiques d’art. C’est pourtant l’une des 46 œuvres achetées par l’État par arrêté du 20 septembre 1849. Le tableau de Pils est ensuite placé dans un salon d’apparat du ministère de l’Intérieur.
La légende illustrée
Pils s’est inspiré du texte de Lamartine pour réaliser sa toile intitulée Rouget de Lisle chantant La Marseillaise pour la première fois à Strasbourg, chez le maire de Dietrich, le 25 avril 1792. La scène est théâtralisée et l’artiste lui donne la dimension pathétique qui est présente dans le texte de Lamartine. Elle ne correspond vraisemblablement pas à la réalité.
Copié plus de 400 fois !
À la demande du directeur des musées nationaux, formulée dès 1878, le tableau est exposé au musée du Luxembourg à partir de 1879. C’est également à cette période que La Marseillaise redevient officiellement l’hymne national français. En quelques mois, le tableau devient l’œuvre la plus célèbre du musée. Le rédacteur des Chefs-d’œuvre d’art du Luxembourg écrit : « Ainsi La Marseillaise reçoit le matin, dès l’ouverture du musée, jusqu’à onze heures environ. C’est le moment que vous choisirez pour l’aller voir. À partir de midi, il est trop tard. Elle s’enferme, mieux que cela, on l’enferme dans une barricade de chevalets et d’escabeaux. Les artistes du quartier, les amateurs, les copistes lui font une garde d’honneur qu’on ne délogerait qu’avec le canon […] » – publié sous la direction d’Eugène Montrosier, Paris, librairie Baschet, 1881. Parmi les copistes évoqués il y a de nombreuses femmes pratiquant la peinture par plaisir, mais également attirées par la possibilité de vendre leurs toiles. À quelques exceptions près, ce sont des artistes peu connus ou dans le besoin. Tous savent que la copie de La Marseillaise se vend très bien. Entre 1879 et 1914 La Marseillaise de Pils est copiée plus de 400 fois. Entre 1881 et 1908, l’État achète 58 de ces copies qui sont envoyées dans les préfectures, sous-préfectures et mairies. Aucun autre tableau n’a égalé ce succès depuis.
Transferts
En décembre 1883, le tableau de Pils est transféré au Louvre, moins de dix ans après la mort de son auteur. Après l’armistice, en 1919, il est placé à Strasbourg, au Commissariat général d’Alsace-Lorraine, pour rendre hommage à la province reconquise et au patriotisme victorieux. Après la Seconde Guerre mondiale, et aujourd’hui encore, il est exposé au Musée Historique de Strasbourg.
Pour en savoir plus : Une icône de la République. Rouget de Lisle chantant La Marseillaise par I. Pils, Musée d’Orsay, 1989.
Site internet, document pédagogique en ligne : http://www.musee-armee.fr
Texte d’Alphonse de Lamartine (1790-1869), Histoire des Girondins sur Gallica
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