Rencontre avec Jean Philippe Collard, éminent pianiste français accueilli sur toutes les grandes scènes internationales et directeur artistique des Flâneries Musicales de Reims. Il se produira le 11 octobre prochain à la cathédrale Saint-Louis en soliste aux côtés de l’Orchestre symphonique de la Garde républicaine, sous la direction de François Boulanger et le 16 novembre aux côtés de la lumineuse Marcela Roggeri dans un programme atypique pour deux pianos et quatre mains, au Grand salon.
Quel est votre sentiment de jouer aux Invalides ?
C’est une grande première ! Je connais depuis longtemps la saison musicale du musée, j’ai assisté à des concerts en tant qu’auditeur mais c’est la première fois que je suis invité à y jouer. Cela va dont être une découverte pour moi ! Je vais découvrir l’adéquation entre ma façon de jouer et l’acoustique de la cathédrale que je vais devoir apprivoiser. J’y pense dès à présent et je j’y penserai encore plus quelques jours avant de jouer. Pour le récital au Grand salon avec Marcela Roggeri, c’est différent ! C’est un récital qui me tient à cœur car c’est une pianiste que j’estime beaucoup et nous allons jouer un programme qui m’enchante.
Parlez-nous des deux concertos de Ravel et notamment de votre approche pianistique et de leurs difficultés ?
Ce sont deux concertos que je connais depuis mon enfance pianistique, j’ai eu de nombreuses occasions de les jouer à travers le monde d’abord parce que ce sont des concertos reconnus comme appartenant au grand répertoire pour piano mais aussi parce qu’en tant que français on me demande régulièrement de les jouer lorsque que je suis invité à me produire à l’étranger.
Ce sont deux œuvres courtes ; on peut donc les jouer à la suite, bien que ce soit assez inhabituel. Toutefois, j’observe que le concerto pour la main gauche a été orchestré par Ravel d’une manière extrêmement riche et il exige un orchestre fourni, ce qui n’est pas sans engendrer des coûts de production élevés … vous allez me dire qu’on est très loin de la musique ! Mais ce détail fait que j’ai plus souvent joué le concerto en sol majeur pour deux mains que celui pour la main gauche seule.
Ce dernier est une œuvre absolument monumentale bien que très courte. Elle est inspirée par l’atmosphère de la guerre. On y sent une couleur sombre mais on voit la lumière apparaître par l’entremise du jazz dont Ravel commence à intégrer les influences et qu’il introduit avec quelques rythmes particuliers à l’intérieur de ce concerto. Cette œuvre à multiples facettes passe vraiment de l’ombre à la lumière. Elle est, en plus, extrêmement spectaculaire d’un point de vue technique et pianistique.
Parlez-nous de votre collaboration avec Marcela Roggeri ?
Dans le monde du piano, on se croise, on se connait, on s’estime et puis certains projets arrivent à leur terme ! J’ai été séduit par le jeu de cette pianiste très reconnue et surtout par ses origines argentines. On retrouve l’influence de son pays natal dans la sonorité de son jeu ; ce qui lui donne une couleur et un rythme particuliers que j’affectionne beaucoup. C’est une pianiste pleine d’énergie et d’idées musicales et je suis attentif aux personnalités qui sont capables d’inventer des projets et de construire des programmes comme celui que l’on va jouer aux Invalides ! Nous avons travaillé sur un programme original, dont nous avons longuement discuté, avec en première partie des compositeurs russes puis, dans la seconde, des compositeurs français.
Avez-vous déjà joué avec un orchestre militaire ?
Oui, je me suis déjà produit avec cet orchestre mais ils sont avant tout pour moi des musiciens comme les autres, le titre important peu, et je suis ravi de partager la scène avec eux. On va passer des bons moments de musique ensemble ! Militaire ou pas, c’est finalement la musique qui l’emporte toujours !
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