En attendant de pouvoir découvrir un campement grandeur nature le 18 mai à l’occasion de la Nuit des musées, retrouvez chaque jour sur ce blog un épisode de notre feuilleton pour découvrir la vie quotidienne d’un campement de soldats de la Grande Armée.
« Je fis assez facilement la moitié de la route de notre première étape, mais lorsque après un quart d’heure de repos à la grande halte, je dus me remettre en route, je crus marcher sur des pointes d’épingles. C’était la première fois que je faisais aussi rapidement une aussi longue marche avec toute la charge et l’équipement d’un fantassin. J’avais de bons jarrets et de solides épaules, mais la peau de la plante de mes pieds était encore fine et délicate comme celle d’un jeune citadin, de sorte que, pour arriver à l’étape, je souffris tout ce qu’il est possible d’imaginer … Enfin, nous arrivâmes à l’étape et lorsque après avoir fait mon service de fourrier je pus me retirer dans mon logement, je me hâtai de me déchausser et je vis avec effroi mes pieds couverts d’ampoules grosses comme des moitiés de noisettes »
Extrait des Souvenirs du soldat le Faucheur
« Nos conscrits ployaient sous le poids d’un sac, d‘un fusil, d’une giberne ; ajoutez à cela cinquante cartouches, le pain, la viande, une marmite, ou bien une hache, et vous aurez une idée de la tournure de ces pauvres diables, surtout quand il faisait chaud. La sueur ruisselait sur leur front »
Extrait des Souvenirs d’un officier de la Grande Armée par Blaze
« Nos vêtements n’avaient ni couleur, ni forme. Mes pieds passaient à travers mes bottes »
Extrait des Mémoires du général Thiébault
Napoléon impose à ses soldats de longues marches à travers toutes l’Europe. L’objectif est de prendre de vitesse l’armée adversaire et de la contraindre à livrer bataille à l’endroit choisi au moment choisi. Que ce soit sous la pluie en Autriche en 1805, dans la boue de Pologne en 1806-1807, sous le soleil de plomb d’Andalousie en 1808, dans la poussière puis les neiges de Russie en 1812, les soldats marchent. Ils parcourent ordinairement une vingtaine de kilomètres par jour à pied, mais peuvent souvent en parcourir le double.
Les fantassins progressent à pied avec tout leur paquetage, composé notamment de leur havresac, de leur giberne et de leur fusil. Cet équipement, réduit à l’essentiel, permet aux fantassins d’effectuer des marches rapides sur de longues distances en ayant sur eux un minimum de nourriture et de munitions pour s’alimenter et combattre.
Mal couverts et mal chaussés, les hommes sont exposés à des fatigues intenses, des blessures et des maladies. Le poids du fusil pèse sur les bras. Le havresac qui peut contenir jusqu’à 30 kilos de matériel lacère les épaules. Les chaussures, portées la plupart du temps sans bas ni chaussette et sans distinction entre le pied droit et le pied gauche, écorchent les pieds, entraînant des fractures de fatigues au niveau des os du pied. De nombreux soldats s’écroulent d’épuisement sur les chemins.
Jean-Baptiste-Edouard Detaille, Aux avant-postes, 1796 © Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / image musée de l’Armée
Louis François Lejeune, Siège et embrasement de Charleroi, le 7 Messidor An II (25 juin 1794) © Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Pascal Segrette
Quelques mots et expressions populaires de l’époque :
- Accorder ses flûtes : préparer son paquetage pour lever le camp
- Halte aux pipes : repos de cinq minutes octroyé aux fantassins lors des marches
- Marcher pour les capucins : marcher inutilement
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