En attendant de pouvoir découvrir un campement grandeur nature le 18 mai à l’occasion de la Nuit des musées, retrouvez chaque jour sur ce blog un épisode de notre feuilleton pour découvrir la vie quotidienne d’un campement de soldats de la Grande Armée.
« L’eau tombait par torrents et sans discontinuer… Le régiment se trouva placé dans les terres labourées et entièrement inondées. C’est là que nous devions reposer nos membres fatigués ; c’est là que nous devions goûter les douceurs du repos. Pas de bois, pas de paille ; rien à manger et aucun moyen de se procurer tout cela. Triste position ! Ce dont cependant nous devions le moins nous plaindre c’était du lit. Il n’était pas dur, au contraire. Aussitôt qu’on s’était couché, on se sentait enfoncer mollement jusqu’à mi-corps et avec la seule précaution de se mettre un schako sous la tête en guide d’oreiller »
Extrait d’une Lettre d’un officier genevois du 45e à Waterloo par le Lieutenant Martin
« Le moment du réveil au bivouac n’est jamais amusant : on a dormi parce qu’on était fatigué ; mais en se levant les membres sont engourdis, les moustaches, semblables à des touffes de luzerne, portent à chaque poil des gouttes de rosée ; les dents sont resserrées, il faut se frotter longtemps les gencives pour y rétablir la circulation. Ces petits inconvénients arrivent toujours même lorsque le temps est beau : mais lorsqu’il pleut, ou lorsqu’il fait froid, la situation se complique beaucoup, et voilà pourquoi les héros ont la goutte et des rhumatismes.
E. Blaze, Souvenirs d’un officier de la Grande Armée
Dormir dans ces abris de fortune devient particulièrement difficile en hiver. Pendant la retraite de Russie, nombre de soldats qui s’arrêtent le soir autour d’un feu ne se relèvent pas le lendemain. Si la fumée irrite les yeux créant des ophtalmies, les extrémités (doigts, orteils, nez, oreilles…) qui gèlent dans la journée, décongèlent le soir sous l’action de la chaleur. Cette succession de gel et de dégel entraîne des gangrènes qu’il faut amputer. Mal soignées, elles condamnent le soldat.
La pluie se révèle également un fléau. La veille de Waterloo, les soldats dorment dans la boue. Il pleut tellement le 17 juin et dans la nuit qui suit, qu’allumer et maintenir les feux de bivouac se révèlent difficiles. Les uniformes en drap de laine se transforment en éponges impossibles à sécher. Le jour de la bataille de Waterloo, la plupart des soldats combattent trempés.
Christian Wilhem von Faber du Faur, Sur la grande route de MojaIsk à Kemskeï le 18 septembre 1812 © Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Pascal Segrette
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