En attendant de pouvoir découvrir un campement grandeur nature le 18 mai à l’occasion de la Nuit des musées, retrouvez chaque jour sur ce blog un épisode de notre feuilleton pour découvrir la vie quotidienne d’un campement de soldats de la Grande Armée.
« Beaucoup de soldats n’avaient plus de vivres… il ne me restait plus qu’un petit morceau de biscuits auquel je ne voulais toucher qu’à la dernière extrémité, aussi je me mis en route à jeun. Il plut toute la journée. Les malheureux blessés périssaient à chaque pas et jamais marche ne fut plus lente… La plupart des soldats avaient marché toute la journée en pressant du poing leur estomac, afin d’en atténuer le malaise et en tenant la peau du ventre serrée dans la main. Ils étaient pâles, chancelants et près d’expirer de fatigue et de faim ».
Extrait des Étapes d’un soldat de l’Empire, Souvenir du capitaine Desboeufs
La plupart du temps, les soldats se servent directement chez l’habitant. Dans cette frénésie, le premier arrivé est le premier servi. Dans les pays riches, comme l’Allemagne, l’Italie du Nord, la Hollande, la question de la nourriture reste gérable. Quand l’armée s’avance en Pologne, en Russie ou en Andalousie, le problème se pose de manière accrue.
« Je partis avec un détachement de 25 cavaliers, 2 brigadiers et un maréchal des logis. Nous devions requérir de l’avoine, de l’orge et des bestiaux. Nous avions une série de villages à parcourir et à mettre à contribution. On comprend que cela ne se faisait pas sans de grandes jérémiades de la part des habitants ; c’était surtout le départ des bestiaux qui les navrait ! Nous procédions avec autant d’ordre et de modération que possible. Lorsque nous avions rançonné un village, nous requérions des chars pour charger notre avoine, nous y attachions les bestiaux et nous allions plus loin »
Extrait des témoignages du lieutenant suisse Rillet, du 1er cuirassier
Quelques mots et expressions populaires de l’époque :
- Avoir le ventre cassé ou faire la tortue ou mettre ses dents au crochet ou se brosser le venter ou se tirer une botte : avoir le ventre vide
- Carne de cornant : viande de vache
- Faire la guerre pour son compte ou gratter : voler, piller afin de s’approvisionner
- Vermicelle : nom donné aux asticots dans la nourriture
Route de Moscou à Smolensk © Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Pascal Segrette
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