En attendant de pouvoir découvrir un campement grandeur nature le 18 mai à l’occasion de la Nuit des musées, retrouvez chaque jour sur ce blog un épisode de notre feuilleton pour découvrir la vie quotidienne d’un campement de soldats de la Grande Armée.
« Un morne silence règne dans le camp, c’est celui de la souffrance et de la résignation »
Extrait des Souvenirs de ma vie militaire du Commandant Vivien
La plupart du temps, l’ambiance au bivouac est calme. Chaque soldat n’aspire qu’à se reposer après la rude journée qu’il vient de vivre. Pour tromper leur ennui, les soldats jouent à différents jeux de dés ou de cartes, appelés le Renversé, le Piquet, la Bouillotte ou la Drogue. On joue aussi à faire des paris (courses à cheval, courses à pied, à dos d’âne, dans des sacs ou les yeux bandés). D’autres soldats occupent la soirée à la musique, la poésie, le loto, les quilles, les dominos.
« Un manteau étendu à terre servit de tapis… et nous roulâmes les dés à la lueur des bougies »
Extrait de Ma Vie militaire, 1800-1810, par Chevillet, trompette au 8e régiment de chasseurs à cheval
« C’est le jeu de ceux qui n’ont ni argent, ni crédit ou qui, du moins, ne se soucient pas de les risquer sur un carte ; celui qui perd en est quitte pour porter au bout de son nez un long morceau de bois fendu, qui le lui pince de manière à lui faire une assez drôle de grimace, et cela, tant que la fortune continue à lui être contraire ; j’ai souvent joué moi-même à ce jeu-là, bien connu de tous les troupiers ».
Extrait de Dix ans de mes souvenirs militaires par le général baron Girod à propos du jeu de carte la Drogue
Le plus souvent, la nuit se passe dans l’angoisse du lendemain, notamment lorsqu’on sait l’ennemi tout proche. Pour apaiser leurs angoisses, les soldats consomment du tabac qui peut être à chiquer ou à priser. Certains fument le cigare, plus souvent la pipe. D’autres boivent de l’alcool qui est supposé « réchauffer » les hommes selon les propres mots de Napoléon. « Les froids vont devenir vifs et l’eau-de-vie peut sauver l’armée… il faut tout prendre… C’est le vin qui, dans l’hiver, me vaudra la victoire ».
Extrait d’une lettre de Napoléon écrivant à Custrin après la prise de Stettin en 1806
Au soir des batailles, certains bivouacs peuvent être macabres. Le 7 septembre 1812, après la bataille de La Moskowa, les troupes doivent édifier des « abris » avec les dépouilles de leurs compagnons.
Quelques mots et expressions populaires de l’époque :
- Avoir sa pente ou jouer de la musette : soldat qui boit trop
- Brouiller avec l’équilibre ou être gris : être saoul
- Brûle-gueule : surnom donné à la pipe
- Casse-poitrine ou riquiqui ou rogomme ou sauve-la-vie : eau-de-vie
- Chasse-cousin : mauvais vin
- Tirer une bouffarde : fumer la pipe
Théière et casserole du général Chapelle © Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Emilie Cambier
Pipe du général Rapp © Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Emilie Cambier
Jeu de dés de La Tour d’Auvergne © Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Marie Bour
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