Durant une semaine, nous vous invitons à découvrir les monstres et autres créatures fantastiques qui hantent les collections du musée, à travers notre nouveau feuilleton « Monstres et compagnies ».
Cette pièce espagnole est ornée d’une tête de dragon de la gueule duquel sort la « volée » du canon. En occident, le dragon est une créature infernale liée à la terre et au feu, il apparaît logique qu’on l’associe à l’artillerie. L’emploi de cette figure est un moyen pour un souverain de donner un aspect redoutable à ses armées. Mais cette association témoigne peut-être également de la réticence morale qu’inspire à l’époque l’arme à feu. La tradition chrétienne fait en effet du dragon un symbole du mal, du paganisme dont de nombreux saints triomphent. D’autre part, malgré le succès qu’elle remporte dans les armées européennes, elle est encore considérée comme une arme indigne permettant à n’importe quel manant de vaincre les plus grands chevaliers. Cette conception est illustrée par la façon dont est perçue la mort de Bayard. En 1667 encore, dans le sixième livre du Paradis perdu, John Milton décrit les anges rebelles fabricant des canons, sans les nommer, pour essayer de vaincre l’armée de Dieu.
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