Le jeudi 4 décembre prochain, en écho à l’exposition Vu du front. Représenter la Grande Guerre, un concert se tiendra en la cathédrale Saint-Louis avec un programme spécialement composé pour l’occasion. L’orchestre symphonique de la Garde républicaine accompagnera le pianiste Nicolas Stavy dont nous avons recueilli les confidences en avant-première .
Ce n’est pas la première fois que vous venez jouer aux Invalides… un mot sur ce monument, lieu inhabituel pour un concert ?
» La musique, surtout lorsqu’on joue des concertos, nous amène souvent dans les salles de concerts dédiées à la musique, et pour moi c’est exceptionnel d’être dans un lieu aussi emblématique et chargé d’histoire que les Invalides ! On doit adapter son répertoire et son jeu pour remplir, sans le saturer d’un point de vue sonore, le volume de la cathédrale, pour contrôler la réverbération et conserver la clarté des harmonies. Ce n’est pas toujours évident, mais c’est peu de choses à côté du plaisir et de l’émotion de jouer dans un lieu comme celui-ci, et qui plus est à l’occasion d’une commémoration aussi importante que celle du centenaire de la Grande Guerre. C’est aussi pour moi l’occasion toute particulière de célébrer la sortie d’un disque important (les concertos pour main gauche de Korngold et de Britten pour le label Hortus) dans un lieu hors du commun, c’est à la fois un honneur et un grand bonheur ! »
Et comment avez-vous composé le programme de ce concert ?
» Lorsqu’il a fallu choisir des œuvres pour piano seul, c’est tout naturellement que j’ai pensé à La Cathédrale blessée de Mélanie Bonis… pour la cathédrale Saint-Louis ! Et c’est une œuvre en lien direct avec la Grande Guerre, un pendant à La cathédrale engloutie de Debussy. C’est une œuvre très rare, et je voulais absolument la jouer et la faire connaître. Quant aux œuvres pour main gauche composées pour le pianiste Wittgenstein qui perdit son bras droit pendant la Grande Guerre, elles étaient incontournables. Presque 20 concertos lui ont été dédiés ! Et les œuvres pour main gauche sont fascinantes, car le piano est l’un des seuls instruments où l’on ne peut jouer qu’à une main. Cela nécessite une écriture très virtuose comme celle de Britten dans son concerto, où il nous donne l’impression que l’œuvre est jouée à deux mains. Quand ça ne sonne pas comme un piano « amputé » : c’est que ça fonctionne ! C’est très athlétique car le jeu occupe tout le clavier, et il faut néanmoins se concentrer sur son interprétation et non sur le côté prouesse technique. Ce qui est important, c’est la force de l’œuvre qui ne doit pas être limitée par le pianiste. Britten a écrit ce concerto avec un langage à la fois accessible et très profond et, pour moi, cette œuvre fait vraiment partie du répertoire majeur du XXe siècle. Et grâce au musée de l’Armée, cette grande musique est réhabilitée ! »
Pour finir, quelques mots à l’attention de notre public qui ne serait pas encore décidé à venir au concert :
» Venez pour le concerto de Britten ! Un langage postromantique, une écriture brillante du rapport piano-orchestre, une œuvre extrêmement lyrique, poétique, construite… Vous serez frappé dès la première écoute ! C’est une rare occasion pour moi de jouer une œuvre du XXe siècle en cassant l’image d’un siècle à l’écriture complexe et difficile d’accès. Et puis c’est surtout une œuvre d’une grande poésie, d’une grande tendresse, qui évoque le coup de poignard lié à la guerre, sans en être une image de tristesse ou de violence. »
Découvrez la programmation musicale 2014-2015 sur le site internet du musée
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