Plusieurs mois après l’ouverture des cabinets insolites, consacrés aux instruments de musique militaire, aux modèles d’artillerie et aux figurines historiques, retour sur le projet avec Philippe Maffre (agence MAW), l’architecte retenu par le musée de l’Armée pour concevoir l’aménagement muséographique de ces nouveaux espaces.
Pouvez-vous vous présenter ?
Architecte du patrimoine de formation, je conçois et réalise des aménagements de musées depuis près de 30 ans. Après 20 années passées dans différents cabinets d’architecture, puis le musée du Louvre, j’ai créé MAW en 2005.
Comment avez-vous travaillé sur ce projet ?
L’opération des cabinets insolites a fait l’objet d’une consultation de scénographes en 2011. A l’issue de ce concours, un gros travail croisé entre l’équipe du musée et MAW a permis de développer le projet actuel. Dans ses contours généraux, il est très proche du concours, par contre, la technicité du projet a beaucoup augmentée.
Quelles sont les grandes lignes de votre muséographie ?
Ces salles s’inscrivent dans le musée de l’Armée. La muséographie doit donc s’intégrer dans un ensemble sans créer de rupture, d’autant que les salles des cabinets insolites sont toutes petites. Continuité est donc l’un des points de départ. Le deuxième mot de départ est effacement. Les œuvres sont très belles et les ouvrages de scénographies doivent s’effacer à leur profit, leur servir d’écrin. Pour cela, les trois espaces prennent une forme et une ambiance différentes, unies par le principe de sobriété.
Le musée de l’Armée est situé dans l’hôtel national des Invalides. Qu’en est-il des contraintes de ce lieu (construit entre 1670 et 1679) sur votre travail ?
Les salles des cabinets insolites, situées au premier étage de l’aile Orient, ont été fortement modifiées à plusieurs reprises. Il reste très peu d’éléments d’origine. Le relief situé en pied de mur dans l’espace dédié aux figurines est certainement le seul élément historique des salles. La totalité des structures intérieures ont été remplacées au cours du XXe siècle par des structures métalliques. Toutes les parois ont été doublées, les planchers ont été repris par des ouvrages neufs au gré des opérations de réaménagement.
Ces modifications ont apporté des contraintes de tenue au feu des structures et de planéité des sols. En effet, les déformations du bâtiment au droit des reprises nous ont posé de gros problèmes pour le calage des aménagements et des vitrines. Les salles ont une faible hauteur sous plafond, ce qui limite fortement la marge de manœuvre. Les conséquences des déformations sur la pose du parquet ont été importantes.
Parmi les œuvres qui sont présentées, y en a-t-il une qui vous a plus particulièrement marquée ?
Plus qu’une œuvre, ce sont les ensembles qui sont étonnants. Chaque cabinet est un concentré d’œuvres importantes. La faible surface des salles a contraint les conservateurs à des choix restreints occasionnant une densité importante des vitrines, mais aussi une collection très forte et puissante.
Ce sont aussi les séries qui caractérisent la présentation. Cela paraît évident pour les figurines, mais les séries de canons – tels les modèles du système Gribeauval ou la série du Grand Dauphin – de la salle dédiée aux modèles d’artillerie sont des ensembles étonnants. Le cabinet musical révèle, par son organisation autour du travail d’Adolf Sax, toute la richesse de la musique militaire.
Ces trois salles sont un vrai point d’émerveillement et de surprise pour les visiteurs du musée.
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