Les collections archéologiques du musée de l’Armée sont aujourd’hui moins connues que ses grandes armures, ses reliques napoléoniennes ou ses souvenirs des deux Guerres Mondiales.
Ces objets très variés ont pourtant intégré très tôt les fonds du musée, à une époque où il s’appelait encore le musée d’Artillerie et où il occupait le cloître de l’ancien noviciat des Dominicains, rue Saint Dominique. Les conservateurs de cette institution, rattachée au comité technique de l’Artillerie, étaient non seulement des officiers mais également des érudits intéressés par tous les aspects de l’histoire de l’armement. Alors qu’aucun établissement, en France, n’était alors dédié à l’archéologie nationale (le musée de Saint-Germain-en-Laye ne sera créé qu’en 1865), ils vont enrichir leurs collections de pièces préhistoriques, antiques ou mérovingiennes témoignant de l’essor de l’archéologie en tant que discipline scientifique.
Félicien de Saulcy, lui-même numismate et « antiquaire », qui dirige le musée d’artillerie de 1841 à 1854 et surtout Octave Penguilly l’Haridon, qui lui succède à ce poste jusqu’en 1870, suscitent de nombreux dons témoignant de l’actualité des découvertes archéologiques, largement au-delà du contexte militaire : une partie du mobilier des sites des Laugerie haute et basse, du Moustier et de la Madeleine (qui donneront leur nom aux civilisations moustériennes et magdaléniennes), est ainsi offerte au musée par leurs découvreurs Christy et Lartet. Le célèbre archéologue Jacques Boucher de Perthes confie quant à lui à l’établissement des pièces exhumées dans la Somme. Enfin, Napoléon III lui-même l’enrichit, dès 1854, de plusieurs centaines d’objets de l’Age du bronze, ainsi surtout que de pièces grecques, étrusques et romaines collectées dans le Royaume de Naples.
Très attentif au caractère didactique et encyclopédique de leurs présentations, ces conservateurs acquièrent également des moulages ou des fac-similés de pièces françaises ou étrangères remarquables. Artiste de talent, Penguilly l’Haridon avait prévu d’éditer une version illustrée de son Catalogue du Musée d’Artillerie publié en 1862 et avait même dessiné de sa main les objets préhistoriques et antiques de cette collection, récolée en 2011 et qui compte aujourd’hui 1182 numéros.
Crédits photos : © Paris – Musée de l’Armée
Ajouter un commentaire