Les collections du musée de l’Armée sont également riches d’objets collectés sur des sites de champ de bataille et souvent révélateur de la violence des combats. De plus, l’archéologie des conflits contemporains est un phénomène relativement récent qui a émergé aux Etats-Unis et qui se développe aujourd’hui en France.
Vilnius, le tombeau de la Grande Armée ?!
En juin 1812, près de 700 000 hommes se lancent à la conquête de la Russie sous le commandement de Napoléon Ier. Guidée par ce chef auréolé de nombreuses victoires, la Grande armée semblait invincible. Pourtant, quelques mois plus tard, à l’issue d’une terrible retraite, seuls quelques dizaines de milliers d’hommes atteignent Vilnius, vaincus et démunis.
Presque deux siècles après ces événements, à l’automne 2001, un charnier est découvert à Vilnius (Lituanie) dans le cadre de travaux d’aménagement urbain. Rapidement, les premières observations associent ces sépultures hâtives à l’arrivée dans la ville des soldats de Napoléon lors de la retraite de Russie, au mois de décembre 1812. La fouille archéo-anthropologique débute en mars 2002 dans le cadre d’une collaboration franco-lituanienne, dirigée pour sa partie lituanienne, par le personnel enseignant de l’Université de Vilnius, les docteurs Albinas Kuncevicius, Justina Poskiene et Rimantas Jankusas ; et pour sa partie française, par l’équipe de l’université de la Méditerranée de Marseille autour de Michel Signoli.
Plus de 3260 corps sont exhumés puis entreposés au centre de médecine médico-légale de Vilnius. 4580 objets sont découverts puis transférés au centre de restauration du Musée national de Lituanie pour traitement et analyse. Après un an d’étude en laboratoire, les ossements sont réinhumés le 1er juin 2003 dans le cimetière d’Antakalnis à Vilnius. La plupart des objets découverts sont actuellement conservés au Musée national de Lituanie, dirigé par Biruté Kulnité ; certaines pièces sont conservées en France à la suite d’un accord avec les autorités Lituaniennes, au musée de l’Armée.
Les traces de la Grande Guerre
La Grande Guerre, particulièrement sur le front occidental, a pris, à partir de la fin de l’année 1914, la forme d’une guerre de tranchées : pour s’abriter des ravages causés par le feu destructeur des canons et des mitrailleuses, les armées belligérantes s’enterrent. Il en résulte une stabilisation presque complète du front entre décembre 1914 et mars 1918. Il recommence à bouger ensuite, par secteurs, avec les offensives allemandes de Ludendorff puis les contre-attaques alliées coordonnées par Foch. Entre fin 1914 et fin 1918, les affrontements d’artillerie très nombreux occasionnent des bouleversements du paysage (cratères, effondrements, etc.) qui retiennent notamment objets et cadavres. Autant de traces retrouvées après la fin du conflit, parfois des dizaines d’années plus tard, et qui, au hasard des travaux ou des fouilles, nous renseignent sur la vie quotidienne des hommes dans ce contexte si redoutable : alimentation, armement, équipement, artisanat de tranchées, sépultures ….
L’archéologie du Débarquement
Souvent marqués par le film Le Jour le plus long sorti en 1962, des passionnés d’Histoire, des collectionneurs et plus récemment des mercantis sans scrupules fouillent au mépris de la loi du 27 septembre 1941 avec des détecteurs de métaux les plages du Débarquement et le secteur de la bataille de Normandie, gênant considérablement le travail de fouilles préventives et les recherches scientifiques des archéologues professionnels.
Mais à côtés de ces fouilles sauvages, l’archéologie liée à la Seconde Guerre mondiale en Basse-Normandie a débuté dès la fin du conflit même si l’on ne peut pas parler d’archéologie proprement dit mais plutôt de sauvetage de matériels car cela n’a pas été réalisé par la Direction des recherches archéologiques sous-marines (DRASM), créée en 1966 par André Malraux. C’est le cas des plages du Débarquement qui ont été déminées par des équipes constituées en majorité de prisonniers allemands mais qui restaient encombrées d’épaves. Des millions de tonnes de ferraille ont été ainsi extraites de la mer par des entreprises de récupération de métaux puis, à partir de 1970, Jacques Lemonchois a pris le relais. Passionné par l’histoire du Débarquement, il a sauvé de la démolition de nombreux vestiges tels que l’un des 32 Sherman Duplex Drive du 741st Tank Battalion ou ce sous-casque de casque US M1, cette douille d’obus de 75 mm M18 pour char M4 Sherman, ce morceau de marinière et ces bouteilles qui ont été sortis du fond de la mer au large d’Omaha Beach.
Actuellement, les fouilles archéologiques réalisées par l’INRAP (Institut national de la recherche archéologique préventive) ne concernent plus que les zones de combat mais aussi les espaces de vie comme les camps de prisonniers tels que le camp de travail 112A de prisonniers de guerre allemands (1944-1946) situé à la Glacerie près de Cherbourg.
Crédits photos : © UMR 7268 ADES AMU-EFS-CNRS © Paris – Musée de l’Armée
Ajouter un commentaire