Le musée de l’Armée est l’héritier d’antiques donnés au musée d’artillerie par Napoléon III dont le vif intérêt pour l’archéologie militaire européenne, notamment méditerranéenne s’affirme à la faveur de l’unité italienne et de la présence française à Rome.
En 1861, il acquiert la collection du marquis Campana – vestige du «musée d’Italie» que ce collectionneur rêvait d’implanter à Rome – ainsi que des terrains sur le Mont Palatin dont la fouille, confiée à Pietro Rosa, met au jour la maison de Livie aux fresques admirables. Son soutien à l’archéologie romaine et italique – à travers l’édition de son Jules César comme d’études épigraphiques ou d’étruscologie – ouvre la voie à la création de l’Ecole française de Rome. Les collections du musée de l’Armée reflètent également les progrès de l’archéologie protohistorique européenne et de ses méthodes durant le second Empire. Dans ce processus, le musée d’artillerie a joué un rôle important accueillant des pièces d’archéologie militaire jusqu’à l’ouverture du musée d’antiquités celtiques et gallo-romaines, en 1867 à Saint-Germain-en-Laye. Octave Penguilly L’Haridon (1811-1870) – peintre archéologue et directeur du musée de l’artillerie à partir de 1854 – participe aux débats agitant les archéologues européens qu’il s’agisse de la découverte d’habitats palafittes dans les Alpes ou de la datation des silex taillés du Grand-Pressigny – alors improprement assimilés à des « pierres à fusils » modernes – et dont il contribue à prouver le caractère préhistorique. Il fait acquérir des moulages et restituer, d’après des textes antiques, des modèles d’artillerie névro-balistiques par Jean-Baptiste Verchère de Reffye (1821-1880) – général d’artillerie, officier d’ordonnance de Napoléon III, directeur des ateliers de Meudon et de la fabrique d’armes et de canons de Tarbes, inventeur du « canon à balles » utilisé pendant la guerre franco-prussienne et acteur des fouilles d’Alésia -, inscrivant le musée dans le développement de l’archéologie expérimentale.
Ajouter un commentaire