Longtemps perçue comme une chasse aux trésors, l’archéologie est aujourd’hui la science des traces infimes : quelques parcelles de pollen, un trou de poteau ou les subtils bouleversements stratigraphiques laissés par un mur disparu sont plus bavards sur la vie de nos ancêtres que la plus splendide des pièces d’orfèvrerie.
Au-delà, ses méthodes peuvent même trouver à s’exercer en l’absence de tout vestige matériel : c’est le cas particulièrement de l’archéologie des gestes, qui permet de retrouver ou de comprendre des savoir-faire disparus, comme la maîtrise et les coups de main d’un artisan ou les postures et la gestuelle d’un combattant, dont les corps, les attitudes et les mouvements sont conditionnés par le travail ou l’entraînement à la guerre. Le musée de l’Armée s’attache régulièrement, au gré des manifestations qu’il propose à ses visiteurs, de confronter ces derniers à des approches plus concrètes de l’histoire.
Chaque année au mois de décembre, la Sainte-Barbe, fête des artilleurs, est ainsi l’occasion de mettre en scène des gestes disparus, comme celui du canonnier effectuant les différents temps du chargement du canon Gribeauval, ou la conduite des chevaux tirant une pièce de 75 de la Première Guerre mondiale. Lors de l’exposition Mousquetaires ! proposée par le musée au printemps 2014, un week-end d’animation a permis d’évoquer l’escrime au XVIIe siècle, présentée sous la forme de la reconstitution d’une salle d’armes à l’époque de Louis XIII où une vingtaine de bretteurs ont perfectionné leur maîtrise des bottes et des engagements martiaux en testant les méthodes préconisées par Girard Thibault, tenant de l’art de l’épée espagnol, ou par Ridolfo Capo Ferro, maître de l’escrime italienne.
Grâce aux ateliers organisés par le service pédagogique ou les démonstrations de l’APPHM (Association pour la Promotion du Patrimoine et de l’Histoire militaire), les visiteurs du musée de l’Armée peuvent également accéder à une véritable archéologie des sensations : celle de porter une armure, d’éprouver le poids d’un havresac ou d’une coiffure, d’épauler le long fusil à silex d’un « lignard » de 1812…
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