L’ancien musée d’Artillerie, ancêtre du musée de l’Armée, cultivait une curiosité encyclopédique pour tous les objets témoignant de l’histoire de l’armement, y compris les plus anciens, comme les pièces préhistoriques ou antiques qui avaient été collectées en grand nombre par les conservateurs Félicien de Saulcy et Octave Penguilly L’Haridon.
Le successeur de ce dernier, le colonel Lucien Le Clerc, est à l’initiative d’un projet qui illustre un des autres aspects de l’établissement, son souci pédagogique : dès 1873, est ainsi mise en chantier une série de 72 mannequins grandeur nature, spectaculaires effigies de guerriers grecs, de chevaliers médiévaux ou de combattants des Guerres des Religion aux équipements soigneusement reconstitués. Pour ce faire, le musée achète au grand collectionneur américain William H. Riggs – qui sera à l’origine du département des armes et armures du Metropolitan Museum of Art à New York – une dizaine de mannequins qui sont équipés, soit de reproductions de pièces archéologiques issues de ses collections, de répliques d’armures réalisées par la maison Granger, célèbre fournisseur d’accessoires pour l’Opéra de Paris et les théâtres, soit d’éléments authentiques, complétés par des fac-similes confectionnés par les ateliers du musée d’Artillerie. Très spectaculaire, cet ensemble qui met en contexte les objets conservés par l’institution, offre une synthèse des connaissances du temps en matière d’archéologie militaire.
En 1877, le colonel Le Clerc met en chantier une seconde série de 77 mannequins, portant les costumes, parures et armes des guerriers des quatre continents non européens, qui offre au musée d’Artillerie, déjà pionnier dans le domaine de l’archéologie, la première galerie d’anthropologie comparée de Paris, un an avant l’ouverture d’un musée d’ethnographie dans le nouveau palais du Trocadéro.
Très admirés dès leur installation, ces deux ensembles restent cependant exposés peu de temps : à partir de 1917, les mannequins de la Galerie Ethnographique sont déposés– y compris les habiles reconstitutions réalisées par les ateliers du musée – au musée d’ethnographie du Trocadéro. Leurs équipements sont aujourd’hui conservés au musée du quai Branly. Les figures de la Galerie du Costume de Guerre qui subsistent (une trentaine), sont actuellement préservées en réserve, mais restent des sources d’inspiration étonnamment vivaces, en dépit des approximations archéologiques qu’elles véhiculent parfois. Elles continuent à irriguer illustrateurs, dessinateurs de bandes dessinées, costumiers de théâtre ou de cinéma, voire éditeurs de jouets… Elles sont également très sollicitées pour des expositions temporaires, permettant de restituer la silhouette spectaculaire d’un hoplite grec ou d’un croisé du XIIIe siècle, compensant ainsi le peu d’objets subsistants évoquant les activités guerrières de ces périodes reculées.
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