Cette carte postale est un montage qui reprend une photographie retouchée : l’arrière-plan, où l’on reconnaît la cour d’honneur avec une partie de l’un des avions exposés, a été éclairci pour mieux faire ressortir l’obus et le soldat. Au moins sept cartes postales françaises différentes montrant cet obus dans la cour ont été diffusées pendant la première guerre mondiale (voir le panneau intitulé « La Grosse Bertha »). La juxtaposition du soldat français et de l’obus de 420 mm met en évidence les dimensions hors normes de ce dernier. La légende mentionne : 17. Musée de l’Armée – campagne de 1914-16, ce qui prouve que ce modèle de carte est produit avant 1917.
Verso de la carte, écrite et envoyée par un certain Louis Vidal
« 17 juillet 1916. Monsieur et Madame Giraudier.
Après avoir passé trois jours à Paris me voilà de nouveau dans la Somme. Cette fête s’est très bien passée mais a été trop courte. Avons passé la revue de Joffre et Poincaré aux Champs-Élysées. Il y avait un bataillon de tous les corps d’armées de France et comme le mien avait été cité à l’ordre du jour, on m’y a envoyé de préférence. Avons défilé dans toutes les principales rues et sommes (…) acclamés, rien ne nous manquait, les Parisiens sont très généreux. J’ai visité un peu tout. Il y avait un bataillon de Belges et d’Anglais, d’Italiens et de Serbes mais les mieux reçus de tous ont été les coloniaux de la Somme. Vous devez avoir lu dans le journal que nous avons fait du bon travail. On refoule peu à peu les Boches avec de terribles pertes. Ces batailles pourraient quelquefois amener la paix. Elles ont commencé de bien dégager Verdun. Pense que ma carte vous trouvera tous bien portant. Bien le bonjour à tous sans oublier Abel et Marceau. Y remonte ce soir au champ de bataille. Louis Vidal »
La petite histoire
Louis Vidal est originaire de l’Ardèche. En pleine bataille de la Somme, l’unité dans laquelle il combat se distingue par sa valeur et reçoit la Croix de guerre. En récompense, ses camarades de bataillon et lui sont envoyés à Paris pour le défilé du 14 juillet 1917. Profitant de quelques heures de liberté, Louis visite Paris et notamment l’Hôtel des Invalides où il achète cette carte postale qui porte à la fois le tampon de la Société des amis du musée de l’Armée et celui de la Société de secours aux blessés militaires. Louis adresse cette carte postale à son ancienne institutrice, Élise Giraudier, demeurant en Ardèche dans le hameau d’Oubreyts. Il fait allusion à Abel et Marceau, tous deux prisonniers en Allemagne. Marceau est le fils d’Élise. La mention, « Carte de Louis Vidal (frère de Léa) tué à la guerre par la suite », sur le devant de la carte, a été ajoutée bien plus tard par le neveu d’Élise, René Giraudier, lui-même instituteur en Ardèche.
En 2003, cette carte postale a été donnée au musée de l’Armée par un descendant de la famille Giraudier. Elle est présentée dans les espaces du musée consacrés à la première guerre mondiale.
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