Vous pouvez jusqu’au 27 juillet admirer l’habit de cérémonie du maréchal Ney au château de Fontainebleau, mais savez-vous qui était vraiment Michel Ney, maréchal d’Empire.
En sueur, la flamme aux yeux, l’écume aux lèvres, l’uniforme déboutonné, une de ses épaulettes à demi coupée par le sabre d’un horse-guard, sa plaque de grand-aigle bosselée par une balle, sanglant, fangeux, magnifique, une épée cassée à la main, il disait : « Venez voir comment meurt un maréchal de France sur le champ de bataille ! »
Ainsi Victor Hugo peint-il la silhouette de Michel Ney (Sarrelouis, 1769 – Paris, 1815), duc d’Elchingen, prince de la Moskowa, maréchal de l’Empire, pair de France, au jour de Waterloo.
Évoquer la figure de Ney, c’est convier également la vision d’artistes comme Rude, Stendhal, David d’Angers, Raffet, Meissonier, Gérôme…, qui tous se sont emparés de la figure du « lion rouge », ce « brave des braves » qui fut le seul maréchal de l’Empire à être exécuté au lendemain de Waterloo.
Fils d’un ancien soldat devenu tonnelier, Michel Ney est né à Sarrelouis, le 10 janvier 1769. En 1787 au régiment Colonel-Général des hussards, qui devient en 1791, le 5e régiment de hussards, il sert à l’armée du Nord. Sa carrière fait un bond après 1794, lorsqu’il rejoint l’armée de Sambre-et-Meuse et se signale à de nombreuses reprises (Maastricht, Mayence, Altenkirchen…). Général de division en 1799, il s’illustre dans toutes les campagnes du Consulat aux armées d’Helvétie, du Danube et du Rhin (Mannheim, Ingolstadt,
Hohenlinden…). Après le 18 Brumaire, il n’est pas de ceux qui se rangent aussitôt aux côtés de Bonaparte, déclarant qu’il se dévoue « à son pays et non pas à l’homme qu’il choisit pour le gouverner ». Envoyé en Suisse comme ministre plénipotentiaire, il obtient la signature de l’Acte de médiation (1802-1803) et la confiance du Premier Consul.
Commandant en chef du 6e corps de la future Grande Armée, il fait partie des premiers généraux élevés à la dignité de maréchal de l’Empire, et est nommé grand-aigle et chef de la 7e cohorte de la Légion d’Honneur. Il conduit le 6e corps pendant la campagne d’Allemagne de 1805, s’illustrant notamment à la reprise du pont d’Elchingen. Après des hésitations à Iéna (1806) et Eylau (1807), il prouve à Friedland sa détermination et ses grandes qualités de soldat, ce qui lui vaut d’être nommé duc d’Elchingen.
À partir de 1808, le 6e corps sert en Espagne. Rappelé en France en 1811, Ney prépare à Boulogne l’invasion de la Russie. À la tête du 3e corps, il a peu d’occasions de briller en Russie avant le combat de la Moskowa, le 7 septembre 1812. Pendant la retraite depuis Viazma, il prend la tête de l’arrière-garde. Ayant trop tardé, il passe en force à Krasnoïe pour rejoindre Napoléon, qui le croyait perdu. Le 28 novembre, sur la rive droite de la Bérézina, il remporte, avec le maréchal Oudinot, une brillante victoire qui sauve des milliers d’hommes du désastre. Passant en dernier le Niemen, il devient le héros de la retraite de Russie et est fait prince de la Moskowa.
En 1814 toutefois, lors de la campagne de France, il compte parmi les nombreux maréchaux gagnés par la lassitude. À Fontainebleau, le 5 avril au soir, il écrit à Talleyrand : « L’Empereur paraît se résigner et consentir à l’abdication entière et sans restriction. C’est demain matin, je l’espère, qu’il m’en remettra lui-même l’acte formel et authentique ». Le lendemain, Ney le porte à Paris, en compagnie de Caulaincourt et de Macdonald.
En 1815, après avoir promis à Louis XVIII de rapporter « l’usurpateur » de retour de l’île d’Elbe « dans une cage de fer », il se rallie à lui dans le Dauphiné, et combat à Waterloo. Il est condamné à mort par la Chambre des Pairs – où figurent plusieurs maréchaux -, et exécuté le 7 décembre 1815, avenue de l’Observatoire.
Crédits photos :
© Musée de l'Armée / Pierre-Luc Baron-Moreau
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