Napoléon Ier, désireux de s’entourer d’une cour avec tout le faste que le mot peut porter, tente de faire renaître de ses cendres l’industrie du luxe à travers la définition d’une étiquette précise et contraignante. L’habit du maréchal Ney, actuellement exposé dans les salles du musée de l’Armée en est un exemple.
Bon gré mal gré, les grands officiers, les nobles et tous les notables de l’Empire deviennent ainsi les ambassadeurs du nouveau goût, participant par la même occasion à la relève de l’économie. Le peintre Jean-Baptiste Isabey a été chargé de dessiner les costumes d’apparat pour la cérémonie du sacre. Osant la synthèse entre l’habit à la française porté à la cour sous l’ancienne monarchie et des éléments nouveaux (cape, toque), entre le civil et le militaire, Isabey définit une silhouette générale qui identifie immédiatement les dignitaires de l’Empire. Par le jeu des couleurs et des broderies, il dispose également d’une souplesse qui permet de distinguer chaque corps par rapport aux autres, créant ainsi un système à la fois hiérarchisé et foisonnant, innovant, élégant et somptueux. La cour apparaît donc en quelque sorte « unie dans sa diversité » au jour du sacre ; ce dont témoigne magistralement le tableau de Jacques Louis David conservé au Louvre.
La tenue de cérémonie des maréchaux reprend tous les éléments symboliques, ainsi que les couleurs de leur grand uniforme. La cape et l’habit sont donc bleus, doublés de satin blanc et brodés d’or ; à la différence du grand uniforme, ils ne sont pas taillés dans du drap, mais dans un velours de soie et doublés de satin, ce qui ajoute à la chatoyante magnificence de l’ensemble. Dans les mois qui précèdent le sacre, les rapports de police attestent que les carnets de commande des artisans de la mode et du luxe à Paris sont surchargés au point de devoir sous-traiter une partie de leurs travaux à Lyon. La création de la cour impériale et, particulièrement, l’organisation des festivités du 2 décembre 1804 ayant occasionné un nouvel essor de métiers menacés par l’émigration et les crises de la Révolution, il ne semble pas exagéré de voir dans ces tenues de cérémonie la somme des savoir-faire et de l’expertise des artisans français – brodeurs, plumassiers, fourreurs, orfèvres… – des chefs d’œuvre annonçant ce que sera l’industrie du luxe dans la France du XIXe siècle.
Crédits photos :
© Musée de l'Armée / Pierre-Luc Baron-Moreau
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