Sélectionner votre langue : Français

21 - 03 - 2017

La Fayette nous voilà ! : épisode 10

Affiche du 4e Liberty Loan par Joseph Pennell, 1918. © Paris, musée de l’Armée, dist. RMN-GP Émilie Cambier

 

À partir de 1916, une campagne de propagande interventionniste, généralement germanophobe, est lancée à travers les États-Unis avec l’appui de l’ancien président républicain Theodore Roosevelt. Prix Nobel de la paix en 1906, Roosevelt dénonce alors « le pacifisme mou qui n’est pas seulement idiot, mais dégradant. Il représente l’émasculation nationale ». Le camp interventionniste tente d’installer la peur dans les foyers américains. Certains dessins montrent le pire des scénarios, les États-Unis deviennent la Nouvelle Prusse. L’affiche ci-dessus, réalisée pour la quatrième édition du Liberty Loan Drive de 1918 utilise cette même peur de l’invasion des États-Unis. Le graveur Joseph Pennell, quaker pourtant opposé à la guerre, montre New York bombardée, abattue, brûlée par l’ennemi. La statue de la Liberté au centre de l’image est fortement endommagée, son flambeau et sa tête gisent sur le sol. Des avions traversent le ciel embrasé, des sous-marins émergent des eaux et se dirigent vers la ville. Cette affiche a été produite en masse.

 

 

MA_BA_La-Fayette_1002

Affiche pour l’emprunt par John Norton, 1917. © Paris, musée de l’Armée, dist. RMN-GP Pascal Segrette

Là encore, c’est la peur, l’horreur et même le dégoût que souhaite inspirer John Norton par cette affiche réalisée en 1917. L’ennemi est représenté par sa paire de bottes, qui se détache sur un fond noir et décorée de l’aigle impériale allemande. Les bottes dégoulinantes de sang sont posées sur un sol rouge. Un éperon, également ensanglanté, met en valeur la signature de l’artiste. Le slogan occupe la moitié inférieure de l’affiche. Les lettres noires surlignées de gris cendre se détachent sur un fond blanc. Le slogan peut se traduire par : Empêchez que cela (une invasion allemande) n’arrive aux États-Unis. Achetez plus de bons pour la liberté. Le terme « more » peut indiquer qu’il s’agit du deuxième emprunt, celui du 1er octobre 1917.

 

Entrée en guerre des États-Unis

Influencer l’opinion publique

Le 14 avril 1917,  le président Wilson crée le Committee on Public Information (comité pour l’information publique) et met à sa tête George E. Creel (1876-1953), journaliste, puis homme politique impliqué dans sa réélection en 1916. Ce bureau d’information officiel des États-Unis a plusieurs missions : soutenir le moral des Américains, convaincre le public américain de participer pleinement à l’effort de guerre en achetant des bons d’emprunt, gérer la censure volontaire de la presse, développer la propagande à l’étranger, recruter des volontaires pour l’armée, etc. Pour y parvenir, George Creel crée un vaste appareil de propagande, inédit, qui exerce une influence dans de très nombreux domaines.

Emprunt pour la liberté

Comme en Europe, pour financer les énormes coûts efficients à la levée des troupes, à leur équipement… les États-Unis lancent des emprunts auprès de la population. La Loi sur les prêts d’urgence du 24 avril 1917 autorise l’émission de 5 milliards de dollars d’obligations à 3,5%, rachetables après 15 ans. Le 14 mai 1917, la 1st Liberty Loan Act, première campagne d’emprunt, est lancée pendant un mois. Elle rapporte environ 2 milliards de dollars seulement. La loi est modifiée pour le deuxième emprunt du 1er octobre 1917 qui permet de collecter 3,8 milliards de dollars. Il y a ensuite deux autres emprunts, le 5 avril 1918 et le 28 septembre 1918 (environ 7 milliards de dollars).

Dès 1917, le secrétaire du Trésor William Gibbs McAdoo (1863-1941), à l’origine des Liberty Loans, tente d’augmenter les faibles ventes des obligations en demandant au Committee on Public Information d’organiser une campagne de propagande agressive pour les populariser. Les Four minute Men prononcent de nombreux discours de quatre minutes, des artistes célèbres réalisent des affiches et des stars de cinéma, comme Charlie Chaplin participent à des rassemblements où acheter un Liberty Loan (emprunt pour la liberté) est la chose patriotique à faire.

 

Affiche de soutien pour la Croix-Rouge américaine par Harrison Fisher, 1918. © Paris, musée de l’Armée, dist. RMN-GP Émilie Cambier

 

 

 

Dans un tout autre registre, les affiches produites pour la Croix-Rouge américaine jouent sur la pureté, la douceur, le patriotisme. Ici une jeune infirmière tient le drapeau américain et sa main droite le plaque sur son cœur. Elle ressemble à une jeune starlette du cinéma, maquillée, bouche ouverte pour déclamer ou chanter son texte. Le slogan est donné comme une citation du président Wilson : Je fais appel à votre générosité pour la Croix-Rouge. L’effet de vent dans la chevelure et sur le col du vêtement de l’infirmière apportent une certaine sensualité, présente dans presque toutes les affiches de ce type. Le Capitole, siège du Congrès américain, à l’arrière-plan, semble désigner le nom du président et le slogan. La signature d’Harrison Fisher (1875-1934) et la date, 1918, se mêlent au drapeau américain.

 

 

 

Ajouter un commentaire

* champs obligatoires