Anna Dike, Anne Morgan et l’homme politique français, Fernand David (1869-1935), inspectant un champ labouré dans le cadre du travail du Fonds américain pour les blessés français entre 1915 et 1918. Anne Morgan, consciente du pouvoir de la photographie et du cinéma pour soutenir ces efforts humanitaires, crée également une unité interne de photographes et de caméramans. En septembre 1914, les deux femmes se rendent sur le champ de bataille après la bataille de la Marne. Elles font le récit de cette visite pour leurs compatriotes.
Volontaires américains
Anne Tracy Morgan
L’Américaine Anne Morgan (1873-1952) devient la plus riche héritière du monde lorsque son père, le banquier John Pierpont Morgan, décède en 1913. Depuis 1907, elle séjourne en France à la villa Trianon, près de Versailles avec Elisabeth Marbury (1856-1933) et Elsie de Wolfe (1859-1950).
Fin septembre 1914, elles se rendent aux États-Unis pour collecter des fonds pour les victimes européennes de la guerre. Avec Elizabeth Lathrop, elles fondent l’American Fund for French Wounded (AFFW), une association qui fournit les hôpitaux et les ambulances en matériel médical et envoie des colis aux soldats. Entre 1915 et 1916, Anne Morgan et Elsie de Wolfe transforment la villa Trianon en maison de convalescence pour soldats.
Aide humanitaire pour les civils
À la mort d’Anne Morgan en 1952, une plaque commémorative en marbre est installée sur la galerie supérieure de la cour d’honneur de l’Hôtel des Invalides. Les décorations qu’elle a obtenues lors des deux guerres mondiales y sont mentionnées : la Croix de guerre 1914-1918 et celle de 1939-1945. En 1924, elle a entre autre été décorée de la croix de chevalier de la Légion d’honneur, et en 1932, elle est la première femme américaine à devenir commandeur de la Légion d’honneur.
En 1917, après l’entrée en guerre des États-Unis et avec l’accord des autorités françaises, Anne Morgan s’installe dans le château dévasté de Blérancourt, dans l’Aisne. Elle organise, pour aider les populations du front, une section civile qui prend, en 1918, le nom d’American Committee for Devastated France (ACDF), en français le CARD, Comité américain pour les régions dévastées. Le CARD intervient ainsi dans différents domaines : santé, logement, loisirs, éducation…
Les volontaires de différentes nationalités parlant le français et/ou titulaires d’un permis de conduire français, doivent se payer leur uniforme bleu et les frais de leur séjour. Ces infirmières-visiteuses et conductrices-mécaniciennes sillonnent la région à bord de Ford-T et de camions Dodge pour secourir, soigner, conseiller la population, mais aussi ravitailler les villages en nourriture, vêtements, ustensiles divers, matériel agricole ou bétail. Elles forment également la jeunesse en organisant des ateliers de menuiserie, des écoles ménagères, des clubs de théâtre, des ciné-clubs et des bibliothèques qui perdureront bien après leur départ.
Reconstruction
Après trois ans d’occupation par l’armée allemande et de bombardements, il faut raser puis reconstruire les villes et les villages, les routes, les ponts… Les autorités françaises font parvenir des baraquements en bois, les « provisoires », préfabriqués en usine puis assemblés sur place pour y abriter une mairie, une école, une église ou un entrepôt. Le CARD s’installe lui aussi dans ces baraquements avant de les transformer année après année en constructions permanentes.
Mémoire
En 1924, Anne Morgan dissout le CARD et rachète le château de Blérancourt pour y fonder le Musée historique franco-américain, qui deviendra en 1931 le Musée national de la coopération franco-américaine. Ce musée, qui conserve des collections remarquables, est actuellement en travaux et rouvrira ses portes dans le courant de l’année 2017.
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