L’avion au premier plan ci-dessus porte deux symboles américains : la tête d’indien peinte sur le fuselage, symbole de force, de combativité et de courage, correspond à l’emblème que le capitaine Thénault (1887-1948) a choisi, en décembre 1916, comme insigne de l’escadrille N 124 La Fayette ; la cocarde, « cercle rouge placé à l’intérieur d’une étoile blanche à cinq pointes, elle-même placée à l’intérieur d’un cercle bleu » est utilisée pour marquer les avions américains de mai 1917 à 1942. Le pilote, coiffé d’un casque en cuir, combat un avion allemand décoré de la croix des chevaliers teutoniques. L’ombre de l’avion allemand est visible sur les nuages. Le peintre français, Maurice Busset est également pilote pendant le conflit ce qui lui permet d’être assez précis dans sa représentation, à la fois des aspects techniques (altimètre…), mais aussi des sensations ressenties.
Volontaires américains
Pilotes volontaires
Engagés dans la Légion étrangère ou issus des bénévoles des services civils volontaires, plusieurs Américains vont suivre un entraînement et rejoindre des escadrilles aériennes françaises ou britanniques.
L’escadrille N* 124 La Fayette
En décembre 1915, William Thaw, Elliot Cowdin et Norman Prince, œuvrent sans relâche pour obtenir des autorités françaises la création d’une escadrille composée de pilotes américains. Ils se rendent aux États-Unis où ils reçoivent un accueil triomphal ; la presse est en leur faveur, en France comme aux États-Unis. Après de longues tractations et l’appui de personnalités françaises comme américaines, ils obtiennent gain de cause. En mars 1916, le Service aéronautique français rassemble tous les pilotes américains dans une même escadrille. Sept jeunes pilotes sont sélectionnés dans un premier temps : Norman Prince, William Thaw, Elliot Cowdin, Victor Chapman, James Mac Connell, Kiffin Yates Rockwell et Bert Hall. L’escadrille américaine N 124 est officiellement créée le 16 avril 1916. Pour contrer une campagne de propagande allemande dénonçant cette création comme la preuve évidente de la rupture de la neutralité des États-Unis dans le conflit, elle est rebaptisée, le 13 novembre 1916, « escadrille des volontaires », puis le 6 décembre, « escadrille N 124 La Fayette ». Le nombre de demande des volontaires américains excède bientôt la capacité d’accueil de l’escadrille, les nouveaux arrivants servent donc dans des escadrilles françaises avec l’appellation Lafayette Flying Corps.
La photographie ci-dessus a été prise le 14 mai 1916 sur la base de Luxeuil-les-Bains, six jours avant le départ de l’escadrille à Béthonne, près de Bar-le-Duc, où elle devait apporter son soutien à l’aviation française dans le secteur de Verdun. Des pilotes en tenue de vol et des mécaniciens de l’escadrille Lafayette posent pour une photographie de groupe.
* Nieuport, le type d’avion dont dispose l’escadrille au départ
23 mois d’engagement
En avril 1916, les pilotes s’installent sur leur nouvelle base aérienne à Luxeuil-les-Bains, en Haute-Saône, où ils rencontrent leur commandement français, le capitaine Thenault et le lieutenant de Laage de Meux (1891-1917). Sont également affectés à l’escadrille des mécaniciens, des chauffeurs, des armuriers, des motocyclistes, des téléphonistes, des opérateurs de télégraphie sans fil, des brancardiers et des secrétaires. Au cours des 23 mois de service, les actions de l’escadrille se déroulent sur tout le front Ouest. Elle se compose finalement de 38 pilotes américains et de 5 officiers français. Son impact militaire est modeste, mais ses pilotes jouent un rôle important dans la mobilisation de l’opinion publique américaine.
Sous commandement américain
En décembre 1917, l’escadrille passée sous commandement américain, est placée sous les ordres de William Thaw. Elle devient la SPA 124 La Fayette – SPA pour Spad, type d’avion, qui l’équipe à ce moment-là –, puis elle est rebaptisée 103rd Aero Squadron. Le 1er janvier 1918, l’Escadrille La Fayette est intégrée dans l’US Air Service.
Chaque escadrille se reconnaît grâce à un symbole collectif. L’escadrille N 124 La Fayette est identifiée par une tête d’indien Séminole. La croix en forme de svastika, motif porte bonheur dont les origines remontent à l’Inde ancienne, est ajoutée par le pilote Raoul Lufbery (1885-1918) qui l’utilise déjà comme insigne personnel. En février 1917, l’indien séminole est remplacé par une tête de Sioux, plus féroce et plus facile à identifier à distance, dessinée par le sergent pilote Harold Buckley Willis (1890-1962) qui l’utilisait auparavant comme symbole personnel et par le pilote et artiste Edward Foote Hinkle (1876-1967).
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