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6 - 06 - 2013

A la rencontre du baryton Sébastien Soulès, à l’occasion du récital donné le vendredi 7 juin

En avant-première du récital qui sera donné le vendredi 7 juin à 20h au Grand Salon de l’Hôtel National des Invalides, nous avons pu poser quelques questions à Sébastien Soulès, baryton, qui interprétera des lieder de Schumann, de Schubert et de Ropartz, accompagné au piano par Tristan Raës. Découvrez avec nous ce chanteur énergique et passionné,  qui nous révèle et nous confie plusieurs détails sur son parcours et son travail…

Vous ne vous êtes pas formé en France, comment votre parcours vous a-t-il conduit aux Invalides ?
J’ai été formé principalement en Allemagne après avoir quitté la France, car la musique classique, c’est à Berlin et à Vienne qu’elle vit avec la plus grande intensité. Quand j’ai eu l’opportunité d’aller travailler à Vienne, c’était réaliser le rêve des musiciens classiques. J’y suis heureux et j’y vis d’ailleurs depuis 10 ans. Voyez-vous, l’informatique c’est à la Silicon Valley, et la musique c’est à Vienne !
J’ai malgré tout l’occasion de revenir de temps en temps me produire en France, et c’est ainsi que j’ai déjà chanté deux fois en la cathédrale Saint-Louis des Invalides en tant que soliste le Requiem de Verdi en décembre 2011, et le Requiem de Brahms en décembre 2012. Des liens ont été tissés à cette occasion avec le musée de l’Armée, et me voilà de retour pour ce récital du 7 juin.

Sollicité pour un programme en relation avec notre exposition Napoléon et l’Europe, comment avez-vous choisi les œuvres que vous interpréterez ?
C’est assez naturellement que ces choix se sont faits. En effet, les poèmes de Heinrich Heine, grand napoléonien dans l’âme[1], ont été mis en musique par les plus grands : Franz Schubert et Robert Schumann. De plus, si j’ai déjà chanté « Dichterliebe » de Schumann, après avoir entendu un de mes étudiants à Innsbruck, j’aime aussi explorer de nouveaux répertoires, cela permet de stimuler la mémoire. Vous savez, il faut avoir l’impression d’avoir toujours su ce que l’on chante.  Quant au choix des lieder de Schubert mettant en musique des poèmes de Goethe, c’est un écho aux liens particuliers entre Napoléon et l’écrivain[2].

Et sur le plan vocal, y a-t-il une grande différence entre l’opéra et le récital ?
Il n’y a pas qu’une seule opinion sur le sujet, les avis divergent beaucoup. Pour moi, il n’y a aucune contradiction entre le lied, la scène et l’oratorio. Les plus grands chanteurs l’ont montré, comme Brigitte Fassbaender, José Van Dam ou encore Dietrich Fischer-Dieskau. Il y a en effet une difficulté intellectuelle quant au passage de l’un à l’autre, mais vocalement, chanter a capella, accompagné au piano ou par un orchestre, cela fait appel au même instrument : sa voix. La plus grande différence n’est sans doute pas vocale ; c’est l’interprétation qui est radicalement différente. Un rôle d’opéra peut avoir la même durée qu’un récital, mais lors d’un récital vous chantez seul, et contrairement aux passages plus brefs et vocalement plus intenses de l’opéra, il s’agit alors d’avoir beaucoup de contrôle sur sa voix pour s’adapter à la musique de lied qui requiert plus de délicatesse. Et surtout il n’y a pas de costume, pas de maquillage et pas autant de lumière, et l’émotion doit alors passer sans ces artifices, elle ne s’appuie que sur votre voix.

Vous allez être accompagné pour la première fois par le pianiste Tristan Raës, comment avez-vous travaillé ensemble pour vous accorder ? Faut-il beaucoup d’échanges ?
C’est souvent angoissant de travailler avec un nouveau musicien, il y a toujours un risque qu’il n’y ait aucune alchimie musicale. La première chose que l’on s’est dite après s’être rencontrés, c’est qu’on n’a pas besoin de discuter pendant des heures, on joue et après on voit s’il y a des points de désaccords qui nécessitent discussion. La méthode, c’est de répéter, et l’alchimie se met en place, comme c’est le cas avec Tristan.

Et quelques mots à propos de Tristan Raës :

Tristan Raës a obtenu les Premiers Prix à l’unanimité du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, dans la classe de Bruno Rigutto en piano, dans la classe de Jean Koerner en accompagnement instrumental et dans celle d’Anne Le Bozec en accompagnement vocal.
Il a été distingué, en 2009, par le Prix de piano du concours international Nadia et Lili Boulanger et vient d’obtenir avec Cyril Dubois, ténor, le Premier Prix, le Prix du Public et le Prix de la Fondation Bayer lors du dernier Concours international du Duo Chant-Piano de Lyon (mai 2013).

Pour entendre de vive voix Sébastien Soulès, et Tristan Raës au piano, rendez-vous vendredi 7 juin à 20h00 au Grand Salon de l’Hôtel national des Invalides pour un récital qui promet d’être exceptionnel !


[1] Heinrich Heine admirait beaucoup Napoléon pour son œuvre juridique, car le Code Civil faisait égaux devant la loi juifs et non-juifs, point important pour l’écrivain d’origine juive (NDLR).

[2] Les deux hommes se rencontrent en 1808 à Erfurt et Goethe se voit remettre la légion d’honneur par Napoléon lui-même (NDLR).

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